Synode - Le clergé réfléchit aux conversions auxquelles il est appelé

Au début du Carême, l’ensemble du diocèse a commencé à vivre le 2^e temps du Synode axé sur la conversion. Comme cela avait été fait pour le premier temps du Synode, le Cardinal Maurice E. Piat a invité le clergé pour un partage synodal entre prêtres sur le thème de la conversion par rapport à leur fonctionnement comme prêtre : « le Pape François nous invite à reconnaître qu’à la source de toute forme d’abus dans l’Eglise il y a une culture imprégnée de cléricalisme. Et il me semble important qu’en ce temps de Carême, nous nous interrogions ensemble sur cette question ».

La rencontre a donc eu lieu au Thabor le mardi 29 mars dernier avec les prêtres venus en grand nombre. Le père Coosnapen, co-animateur de la réunion avec les pères Kenny et Durhône, explique le déroulement de la rencontre : « Contrairement à la question du synode posé à tous, nous avons choisi un axe différent : nous avons pris comme point de départ la « Lettre au peuple de Dieu » qu’avait écrite le Pape François en 2018 sur le cléricalisme. Les questions fondamentales viennent, pour nous, de cette lettre. Nous avions eu à faire au préalable une réflexion personnelle sur notre façon d’exercer l’autorité ».

Le père Coosnapen exprime sa joie de cet exercice mené entre confrères : « Je trouve magnifique cette belle image d’église : jeunes et les moins jeunes, et surtout ici, les Mauriciens, les étrangers, assis tous en carrefours, avec notre évêque pour réfléchir sur cet aspect de notre autorité dans l’église ».

Pour le père Yudesch Arnachellum, l’expérience est enrichissante : « Cela m’a fait prendre conscience qu’être prêtre signifie marcher ensemble avec les autres, les aimer, les écouter.  Le prêtre est un père aux côtés de ses paroissiens. Cela m’a permis d’être à l’écoute de mes frères prêtres et d’entendre ce que l’Esprit veut pour notre Eglise diocésaine. Nous sommes appelés à la conversion dans notre manière de faire route en Eglise. Car marcher ensemble, c’est l’antidote au cléricalisme ».

P. Coosnapen développe cette notion de cléricalisme : « C’est une question qui nous bouscule, prendre conscience d’abord que nous avons une position d’autorité, que parfois on en a abusé et qu’on en abuse encore, de manière consciente ou inconsciente ; il faut aussi pouvoir se remettre en question et se dire qu’autour de nous, il y a AVEC nous des chrétiens qui sont eux aussi en responsabilité. Ils ont été, pour certains, nommés dans l’équipe d’animation pastorale, dans la Fabrique, dans les conseils pastoraux de quartiers, les catéchètes ; ils sont des chrétiens capables, des chrétiens qui ne sont pas simplement des exécutants mais de véritables collaborateurs. Nous avons réalisé que parfois on les a un peu utilisés, ou sinon, on a pris des décisions à leur place, ou parfois on renversait leurs décisions, sans forcément considérer ce qu’ils nous disent ».

Un élément qui est revenu souvent dans les discussions est la capacité de se remettre en question : « Comment nous acceptons d’être remis en question ? Nous sommes capables d’être parfois bousculés, d’accueillir ce que nos chrétiens nous disent, ce qu’ils pensent et si besoin, prendre une autre direction. Ça nous ramène à la chose la plus importante : nous avons été tous baptisés et au nom de notre baptême, tous, nous sommes du peuple de Dieu ».

Père Yudesch abonde dans le même sens : « Pour lutter contre le cléricalisme, cela demande un effort de ma part en écoutant les uns les autres. Je crois que vivre comme une Eglise synodale, ouvrira un chemin nouveau pour notre Eglise ».

A l’issue de cette rencontre, la satisfaction est de mise pour père Coosnapen : « Ce travail commencé doit être continué. Je crois que nous sommes sortis de cette rencontre, d’abord heureux d’avoir pris le temps pour nous regarder nous-mêmes dans notre fonctionnement et considérer la conversion profonde que nous devons vivre auprès de nos différentes communautés ».