Chers frères et sœurs baptisés dans le Christ,
Lors de notre belle célébration à l’ouverture de l’Année de la Foi, le 14 octobre dernier à Marie, Reine de la paix, nous avons évoqué plusieurs fois notre baptême. Nous l’avons évoqué par le Credo traduit en créole et imprimé sur une petite carte que nous avons emportée chez nous ; nous l’avons évoqué aussi par le vêtement blanc et par l’eau bénite avec laquelle nous nous sommes signés.Pourquoi ce rappel du baptême à l’ouverture de l’année de la Foi ? Tout simplement parce que la foi est comme enracinée dans le baptême. Le baptême marque le commencement d’une vie de foi vécue dans une confiance d’enfant envers Dieu qui nous aime d’un amour inconditionnel et nous adopte chacun comme son fils, sa fille. D’ailleurs, dans le langage populaire, le baptême est compris comme un commencement. Nous parlons spontanément du baptême de l’air quand quelqu’un prend l’avion pour la première fois, ou bien du baptême d’une maison quand nous commençons à y habiter.
Tout commencement est appelé à connaître une suite. De même, notre baptême marque le commencement d’une vie qui est appelée à se développer, comme la petite graine de moutarde, distribuée à chacun à la fin de la messe, le 14 octobre. Tertullien disait, « on ne naît pas chrétien, on le devient ».
Dans cette lettre nous suivrons pas à pas le développement de la vie de foi telle qu’elle se déroule souvent à l’Ile Maurice. Chacun pourra reconnaître à quelle étape il est rendu et quel pas il est appelé à faire encore pour avancer dans la suite du Christ.
Le 14 octobre dernier, au début de la messe, j’ai été touché par le geste spontané d’un enfant : j’étais pas plutôt passé par la porte de la foi qu’il m’a pris par la main et m’a tiré en avant. Comme pour me dire, « toi aussi tu n’es pas encore arrivé, toi aussi tu as encore du chemin à faire ». Oui, c’est vrai, même si je suis évêque pour vous, je suis avant tout un baptisé comme vous. Avec vous je suis un pèlerin qui cherche à suivre Jésus sur son chemin. Comme vous, j’ai été pris par la main le jour de mon baptême et j’ai encore plusieurs pas à faire. Laissons-nous conduire.
1e Etape « Le baptême des petits enfants »
La plupart d’entre nous avons été baptisés très tôt, après notre naissance. Nous n’avons pas choisi d’être baptisés. Ce sont nos parents qui ont demandé le baptême pour nous. Ils exprimaient ainsi leur désir que leur enfant soit de la même religion qu’eux, chrétien comme eux. Ils l’ont fait souvent pour respecter une tradition familiale. Mais aussi, avec au fond du cœur, le sentiment que par le baptême, leur enfant était mis en relation spéciale avec Dieu, qui le bénirait et prendrait soin de lui. Ils l’ont fait également parce que le baptême donnait à leur enfant une identité, celle de devenir membre de l’Eglise, l’insérant ainsi dans un groupe social plus large que sa famille.
En demandant le baptême pour leur enfant tôt après sa naissance, les parents n’offensent pas sa liberté, comme on l’entend dire quelque fois. Ils ne lui imposent pas arbitrairement leur foi ou leur religion. Ils témoignent plutôt par leur démarche, que cet enfant est aimé par Dieu d’un amour gratuit dès avant sa conception, au point que Dieu l’accueille comme son enfant. Depuis les débuts de l’Eglise, certains étaient baptisés parce qu’ils avaient décidé personnellement de devenir chrétiens, et d’autres l’étaient parce qu’ils appartenaient à des familles chrétiennes. L’un et l’autre cas manifestent quelque chose de fondamental sur ce que signifie être baptisé. Le baptême d’un petit enfant exprime que Dieu l’aime comme il est, sans condition, sans attendre de voir s’il le mérite, ou s’il est digne d’être accepté comme son enfant. Le baptême reconnaît et célèbre l’amour gratuit et inconditionnel de Dieu pour l’enfant.
De fait il y a déjà comme un reflet de cet amour inconditionnel de Dieu dans le cœur des parents. Ils aiment l’enfant qu’ils ont conçu et s’engagent envers lui avant de savoir s’il sera un garçon ou une fille, s’il sera intelligent ou non, s’il sera porteur d’un handicap ou non, s’il sera d’une grande beauté ou naîtra avec une déformation. Les parents préparent le berceau de leur enfant avec beaucoup d’amour, peu importe ce qu’il sera. Ils demandent aussi le baptême pour lui parce qu’ils croient au plus profond d’eux mêmes que Dieu l’accueille tel qu’il est gratuitement. Plus tard l’enfant sera appelé à reconnaître l’amour de ses parents qui se sont penchés sur son berceau. Il apprendra à leur faire confiance. De même, plus tard l’enfant sera appelé à reconnaître l’amour de Dieu qui l’a accueilli sans conditions le jour de son baptême, et il devra apprendre à lui faire confiance.
C’est pourquoi les parents s’attachent à faire connaître à leur enfant ce Dieu qui l’aime comme un Père. Ils lui racontent l’histoire de Jésus ; ils l’initient à une prière simple, lui enseignent les premiers gestes de la foi, comme le signe de la croix. L’enfant, qui se prépare à sa première communion et à sa confirmation, commence à découvrir la personne de Jésus. Il comprend que Jésus lui propose un chemin de vie et l’invite à Lui faire confiance. Il comprend aussi que ses parents ont choisi ce même chemin et cherchent à l’y entraîner avec eux.
C’est vrai qu’il y a aussi des parents qui n’ont pas beaucoup grandi dans la foi de leur baptême et qui ont du mal à parler de Dieu à leurs enfants. Le baptême, ainsi que la première communion et la confirmation, peuvent alors devenir des coutumes sociales, sans grand impact sur la vie de foi des enfants ou sur celle des parents. Mais en même temps il ne faut pas « éteindre la mèche qui fume » chez ces parents. Le baptême d’un enfant est toujours un moment fort pour eux. Ils sentent confusément qu’ils posent un geste très important pour leur enfant. Et ils ont souvent soif qu’on les aide à en découvrir le sens. L’encadrement fraternel des parents à ces moments là est vital pour l’avenir de la foi.
2e Etape. Premières crises de la foi à l’adolescence
Devenu adolescent, l’enfant commence quelquefois à prendre ses distances avec l’Eglise, avec la foi. Il se dit croyant, mais souvent ne trouve aucun intérêt à aller à la messe du dimanche qu’il trouve répétitive et ennuyeuse. Non seulement il ne va plus à la messe, mais il peut développer des comportements contraires à la foi de son baptême et qui bouleversent ses parents. Ceux-ci ont peur de le voir fréquenter certains camarades, certains lieux de loisirs. Ils ne savent que dire, quoi penser devant le nouvel environnement dans lequel leurs jeunes évoluent aujourd’hui, exposés qu’ils sont à tout vent de doctrine et à toutes sortes de propositions. Les parents sont souvent tiraillés entre deux attitudes à adopter : soit être très stricts, ce qui créé des tensions, soit abandonner la lutte et laisser faire, ce qui est très risqué.
Les parents, troublés devant ce rejet apparent de la foi chez leur enfant, ne doivent pas se culpabiliser inutilement, ni s’inquiéter outre mesure. Oui, c’est pour eux un temps d’épreuve. Mais cela peut aussi les aider à découvrir que la foi ne se « transmet » pas automatiquement. Dans un monde ultra permissif, ultra consommateur et ultra médiatisé pour le meilleur comme pour le pire, les jeunes ont besoin de beaucoup plus que des pratiques traditionnelles ou de simples règles de morale (toutes légitimes et nécessaires qu’elles soient). Ils doivent surtout être aidés à développer une relation personnelle avec le Christ. Ils ont aussi besoin d’acquérir un sens critique pour évaluer, à la lumière de repères sûrs, ce qu’on leur montre sur leurs écrans et ce qu’on leur propose dans la rue ou sur leurs lieux de loisir. Et là le témoignage des parents est irremplaçable. Non pas un témoignage vantard qui prétend faire un parcours sans faute à la suite du Christ. Mais un témoignage humble et vrai qui rend compte des difficultés autant que des joies d’une fidélité au Christ.
Même si les parents restent les premiers éducateurs de leurs enfants, ils auront toujours besoin de la contribution de l’école et de la paroisse. Cela interpelle sérieusement les écoles catholiques qui ont la grande responsabilité d’offrir le cadre et les ressources humaines nécessaires pour qu’une catéchèse sérieuse soit proposée aux élèves. Cela interpelle également les paroisses, les mouvements et les services diocésains concernés sur l’urgence d’élaborer pour les jeunes de véritables propositions de foi dans un langage adapté à leur culture.
Il ne suffit pas de brider la liberté des jeunes ; elle doit surtout être éduquée. Cette éducation comporte toujours un risque, bien sûr. C’est le risque que Dieu lui-même prend lorsque, pour nous sauver, il nous adresse la parole avec amour dans un infini respect de notre liberté. Cet amour et ce respect ont rendu Dieu lui-même très vulnérable. La seule façon dont le Christ a cherché à influencer notre liberté, c’est en nous aimant jusqu’au bout, en donnant sa vie pour nous, et ce dans une infinie discrétion. Que les parents et les éducateurs se souviennent qu’une personne humaine fait confiance finalement à celui ou à celle qui l’a aimée gratuitement jusqu’au bout.
C’est pourquoi, au cœur de leur épreuve, l’amour patient des parents pour leur enfant récalcitrant, a un rôle capital. Dieu lui-même ne nous aime-t-il pas avec une patience infinie ? Et n’est-ce pas à travers cette manière d’être disposé à attendre longtemps après avoir semé, qu’il nous a sauvés ? « Le Royaume de Dieu est comme un homme qui aurait jeté du grain en terre : qu’il dorme et qu’il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi. » (Mc.4, 26 -28). C’est à une telle attente, pleine d’espérance que Jésus invite les parents et les éducateurs.
3e Etape. « Retrouver la grâce de son baptême » à l’âge adulte
3.1. Différents chemins pour retrouver la grâce de son baptême
Après les difficultés liées aux crises de l’adolescence, il arrive souvent qu’au moment de l’entrée dans l’âge adulte ou même plus tard, des personnes qui étaient restées indifférentes pendant des années, retrouvent avec bonheur la foi de leur baptême. Elles font une rencontre personnelle avec le Christ et leur vie en est transformée. Elles ont pu être marquées par le témoignage d’un ami engagé auprès des pauvres. Ou bien lors d’une retraite elles ont pu être touchées par tel passage de l’Evangile qui les a fait réfléchir et les a poussées à se convertir. Ou, lors de la préparation de leur mariage, ces personnes ont pu être remuées en découvrant que l’amour inconditionnel qui les unit à leur conjoint est comme un reflet de l’amour de Dieu lui-même pour nous. La naissance d’un enfant, son baptême, ou encore la préparation de sa première communion peuvent être aussi pour eux l’occasion de retrouver la beauté de la foi au moment où ils posent un geste fort pour la transmettre. Ainsi, même si nous sommes restés longtemps très loin de toute pratique religieuse, ou même si nous avons mené une vie de désordre, Dieu ne désespère jamais de nous. Comme le bon berger, Il reste toujours à la recherche de la brebis perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée (Lc 15, 4).
Nous faisons alors l’expérience d’être rejoints par le Christ là où nous sommes rendus sur notre chemin, d’être aimés par Lui tels que nous sommes. Cela nous remue profondément. Enfants, les parents avaient choisi pour nous ; adultes, en faisant l’expérience de Jésus qui vient à notre rencontre, nous pouvons choisir le Christ. C’est alors comme une nouvelle naissance qui s’accomplit (Jn 3, 3-5). Notre regard sur la vie change. Nous sommes transformés. C’est comme si la graine de moutarde semée en nous le jour de notre baptême avait dû passer par un long processus de maturation souterraine avant de donner enfin un petit bourgeon. Notre baptême nous apparaît alors non plus simplement comme un rite traditionnel accompli dans le passé, mais comme le don d’un amour que nous recevons dans la foi et qui illumine notre vie. Souvent on entend dire, « pourquoi l’Eglise a tant tardé à nous dire cela ? ». Un dynamisme nouveau nous habite et nous cherchons alors les moyens de partager notre bonheur avec d’autres.
Personnellement je rends grâce au Seigneur pour toutes ces personnes qui, aujourd’hui, redécouvrent avec tant de joie la grâce de leur baptême. Je suis très reconnaissant envers les nombreux prêtres, religieux(ses) et laïcs qui, par leur témoignage de vie et leur disponibilité, rendent à leurs frères et sœurs l’immense service de créer les conditions où un tel réveil de la foi devient possible. Beaucoup travaillent dans l’ombre. Avec générosité ils organisent des retraites, animent des sessions, donnent leur témoignage, accompagnent les participants, font la cuisine, le ménage, assurent l’accueil, entretiennent un climat de recueillement et de prière, tout cela pour donner l’occasion à d’autres de faire une rencontre personnelle avec le Seigneur et de se laisser transformer par Lui.
3.2. Le désir d’une nouvelle Pentecôte
Ce qui se passe chez nous se passe aussi dans de nombreux pays aujourd’hui. Notre génération est témoin d’une grâce spéciale : l’eau vive du baptême resurgit pour ainsi dire et vient irriguer la vie de nombreux chrétiens, la vie de l’Eglise elle-même.
Cette grâce qui renouvelle l’Eglise vient de l’Esprit Saint. Elle avait été ardemment désirée et demandée avec insistance depuis longtemps. Par exemple, au moment de l’ouverture du Concile Vatican II, le Pape Jean XXIII priait ainsi : « Esprit Saint, renouvelez de nos jours vos merveilles, comme une nouvelle Pentecôte ».
De fait, le Concile Vatican II s’est ouvert aux nombreux signes de renouveau que l’Esprit avait déjà fait jaillir dans l’Eglise et dans le monde. Il a accueilli et encouragé le mouvement œcuménique, le renouveau liturgique ; il a soutenu les études bibliques et recommandé que les fidèles aient accès au texte de la Bible traduit dans leurs langues ; il a favorisé une vie communautaire et participative dans l’Eglise. Il a souligné l’importance de vivre sa foi aux prises avec les réalités de la vie familiale, culturelle, socio-économique et politique ; il a reconnu l’importance vitale du respect des droits de l’homme, de la liberté religieuse et du dialogue interreligieux. Ce qui a été vécu, réfléchi et exprimé au Concile est vraiment un don de l’Esprit qui a poussé l’Eglise à poursuivre son chemin de renouvellement.
Après le Concile, en même temps que de nombreuses réformes étaient mises en route dans différents secteurs de la vie de l’Eglise, il y eut aussi comme une vague de fond inattendue qui s’est fait sentir dans le désir de milliers d’hommes et de femmes qui cherchaient à se laisser renouveler profondément par l’Esprit Saint. C’est ainsi que sont nés, de manière très spontanée, des groupes de prière un peu partout, dans la plupart des diocèses du monde. C’est ce qui est devenu ce qu’on appelle communément le Renouveau Charismatique. Le Cardinal Suenens, un des grands du Concile Vatican II, dira du Renouveau, « ce n’est pas un mouvement dans l’Eglise, mais l’Eglise en mouvement ». Cette remarque du Cardinal veut souligner que la demande explicite et insistante de l’Esprit Saint, qui est au cœur du Renouveau, est la démarche fondamentale d’une l’Eglise qui cherche à se renouveler. Demander l’Esprit Saint, c’est demander de faire l’expérience d’une rencontre personnelle avec Jésus Christ, de l’accueillir comme le Seigneur de nos vies. Or, tout renouvellement dans l’Eglise passe nécessairement par la rencontre personnelle avec Jésus Christ, laquelle est au cœur de la grâce de notre baptême.
Lors de notre Synode Diocésain (1997-2000) qui a été pour nous un grand temps d’écoute de ce que l’Esprit disait à notre Eglise, nous avons entendu la même chose. Lui aussi nous a conduits dans le même sens. L’orientation prioritaire qui a émergé du Synode nous rappelait comment le vrai renouvellement de notre Eglise passerait nécessairement par une annonce claire de Jésus Christ comme Sauveur du monde et par une adhésion personnelle à Lui dans la foi.
3.3. Le « Baptême dans l’Esprit » : un chemin pour retrouver la grâce de son baptême
Le grand mérite du Renouveau a été de souligner avec force comment le réveil d’une foi personnelle en Jésus Christ est l’œuvre de l’Esprit Saint, une grâce que nous devons demander. Le Renouveau a aussi fourni des mots pour exprimer cette grâce. Il parle ainsi de « Baptême dans l’Esprit » (ou « Effusion de l’Esprit ») ; expression biblique qu’on retrouve dans les 4 évangiles et dans les Actes des Apôtres[1]. Demander le Baptême dans l’Esprit et le recevoir, n’est donc pas du tout demander et recevoir un nouveau sacrement. C’est plutôt demander et recevoir la grâce d’accueillir librement comme adulte le baptême de son enfance ; c’est demander la grâce de vivre pleinement une relation personnelle de confiance et d’amour avec Jésus Christ, sans réserve ni « oui, mais… ».
Personne n’a le pouvoir de donner à qui que ce soit le « Baptême dans l’Esprit » ou « l’Effusion de l’Esprit », en lui imposant les mains ou en priant avec une formule spéciale. Seul le Christ nous baptise dans l’Esprit. C’est lui qui nous promet l’Esprit Saint et nous confie à Lui dès notre baptême et notre confirmation. Il n’y a aucune recette, ni rien qui fonctionne de manière automatique. Il y a seulement des personnes qui, à un moment de leur vie, décident de demander au Seigneur la grâce de s’ouvrir pour accueillir pleinement comme adultes la grâce du baptême qu’elles ont reçue dans leur enfance. Elles acceptent alors d’être préparées par des frères ou des sœurs à recevoir l’Esprit Saint et à se livrer à Lui avec confiance. Car elles savent que seul l’Esprit peut les conduire à rencontrer vraiment Jésus Christ (cf. Jn 16, 13). Ces personnes souhaitent habituellement que les frères et les sœurs qui les ont accompagnés dans leur démarche prient pour elles à ce moment. Ce qui se fait souvent en leur posant la main sur l’épaule ou sur la tête, en signe de soutien fraternel et de solidarité dans la prière.
Tous les chrétiens sont appelés à s’ouvrir à l’Esprit Saint à qui Jésus nous a lui-même confiés. Se livrer ainsi à Lui est une grâce, un don de Dieu, accessible à tous ceux et celles qui le demandent humblement. Certains, au sein du Renouveau ou des communautés issues du Renouveau, la nommeront « Baptême dans l’Esprit » ou « Effusion de l’Esprit ». Dans d’autres traditions spirituelles, on la nommera autrement. Pour certains, le changement est soudain et spectaculaire. Pour d’autres, il se produit progressivement dans le temps. Pour de nombreuses personnes, c’est la première fois qu’elles font une rencontre personnelle avec le Christ, ce qui les transforme radicalement. Pour d’autres, c’est un renouvellement de leur relation avec le Christ, qui était devenue tiède. Ils le vivent comme un nouveau départ.
Dans tous les cas de figure, il s’agit d’abord de désirer être renouvelé par l’Esprit, de le demander humblement et de retrouver ainsi la source vive de son baptême. N’est-ce pas cela que nous dit le Seigneur dans l’Evangile, « Si donc vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ?» (Lc 11, 13). Cette démarche n’est-elle pas celle à laquelle le Seigneur Jésus invite les douze, lorsqu’à l’Ascension, il leur dit de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis « ce que, dit-il, vous avez entendu de ma bouche : Jean, lui, a baptisé avec de l’eau, mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours » (Actes, 1,4-5). C’est la Pentecôte qui était ainsi annoncée. Pour recevoir l’Esprit de Pentecôte, le Seigneur demande à ce qu’on « l’attende », c’est-à-dire qu’on le lui demande dans la prière. C’est ce que firent les apôtres en étant « d’un même cœur assidu à la prière avec quelques femmes dont Marie la mère de Jésus, et avec ses frères ». (Actes, 1,14)
Aujourd’hui encore, comme à la veille de la Pentecôte, Jésus nous invite à nous réunir pour demander l’Esprit avec confiance. Cette grâce de l’Esprit qui renouvelle est destinée à toute l’Eglise. De fait elle est reçue, et elle est vécue de diverses manières dans différents groupes d’Eglise, y compris à Maurice aujourd’hui. C’est la grâce que nous devons demander avec beaucoup d’espérance durant cette Année de la Foi. Le Pape Benoît XVI nous exhortait déjà à le faire le jour de la Pentecôte 2008, « aujourd’hui, je voudrais étendre cette invitation à tous : chers frères et sœurs, redécouvrons la beauté d’être baptisés dans l’Esprit Saint, reprenons conscience de notre baptême et de notre confirmation, source de grâce toujours actuelle. »
4e Etape. « Le combat Spirituel »
4.1. La foi du Baptême mise à l’épreuve
L’expérience montre que ceux et celles qui ont retrouvé la grâce de leur baptême, peuvent pendant un certain temps vivre une très grande joie, ce qui donne quelque fois l’impression qu’ils « flottent » un peu sur un nuage. Mais bien vite finit le temps des « vibrations ». Ce que l’on a pu ressentir ne dure pas longtemps. On ne retrouve plus le même enthousiasme. La routine reprend le dessus. Les difficultés de la vie nous rattrapent. On peut par exemple, rencontrer chez ses proches une incompréhension, voire même une certaine résistance par rapport à ce qu’on a vécu de fort, et qu’on souhaiterait partager. On éprouve alors une grande solitude, et on peut facilement se décourager.
C’est alors que nous pouvons aussi être tentés par nos anciens démons : par exemple, s’étourdir dans une surconsommation et dans une course à l’argent. Ou bien être tentés d’écarter les personnes qui nous résistent, de les rejeter « poliment », et semer ainsi la division. Ou encore la tentation de l’orgueil spirituel, se croire supérieur aux autres parce que l’on a vécu une expérience spirituelle forte, vouloir à tout prix être reconnu socialement, et chercher à imposer aux autres son style de vie.
C’est le moment du « combat spirituel » : la foi du baptême qui vient d’être ravivée, est mise à l’épreuve. C’est un moment délicat où l’on peut facilement baisser les bras ou au contraire se bercer d’illusions. Mais cela peut être aussi un temps de grâce. Car au creux d’un tel passage à vide, peut encore résonner un appel fort : celui d’ancrer plus profondément son attachement à Jésus Christ et vivre une foi plus dépouillée. On perçoit que notre fidélité au Christ nous engage à prendre des chemins plus humbles au milieu des découragements et des déceptions de la vie. Il s’agit de passer d’une foi bâtie sur l’enthousiasme et la soif de conquête, à une foi fondée plus simplement sur la promesse de la présence fidèle à nos côtés d’un Dieu qu’on ne voit pas, qu’on ne sent pas, mais sur lequel on ne cesse de s’appuyer. « Voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20).
4.2. Jésus mis à l’épreuve après son Baptême
Tout se passe comme si après notre rencontre personnelle avec Jésus qui nous a comblés de joie, nous devions partager aussi ses épreuves. Curieusement, on note dans l’Evangile que, pour Jésus aussi, le combat spirituel commence juste après son baptême. Etant sorti de l’eau, Jésus avait été consolé par l’Esprit Saint qu’il avait vu descendre sur lui tel une colombe. En même temps, Il avait été confirmé avec bonheur dans sa relation filiale et dans sa mission par la voix qui s’était fait entendre, « tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré » (Lc 3, 22). Or, c’est à ce moment là que l’Esprit qui l’avait consolé, le conduit maintenant au désert pour y être tenté par le diable (Lc 4, 1-2).
C’est comme si la grande communion que Jésus, animé par l’Esprit, a vécu avec son Père lors de son baptême, devait être mise à l’épreuve au moment de commencer sa mission en pleine pâte humaine. Jésus a voulu être exposé, comme n’importe quel homme, à l’épreuve de la tentation pour être solidaire avec nous dans notre combat spirituel et nous montrer comment nous pouvons en sortir vainqueurs.
4.3. Le combat spirituel de Jésus
Au désert, le diable fait miroiter devant Jésus l’illusion que pour réussir sa mission et être reconnu comme Fils de Dieu, il y a des moyens faciles à prendre qui lui garantissent le succès. Par exemple, sers-toi de ton pouvoir pour te faire plaisir, (« Tu as faim ? Change ces pierres en pain ») ; ou commence par une action d’éclat, cela te vaudra l’admiration et la considération de tous (« jette-toi du haut du temple ») ; et enfin prends le pouvoir même s’il faut, pour cela, vendre ton âme (« prosterne toi devant moi et je te donnerai tous les royaumes de la terre »), (cf. Mt 4, 1-11).
Jésus résiste à ces tentations, non pas en discutant avec Satan pour chercher à le convaincre. Plus simplement il s’accroche dans une confiance totale à l’amour de Dieu, son Père qui l’a envoyé. C’est cette confiance qui est la source de sa joie de vivre (« L’homme ne vit pas seulement de pain »…) ; c’est cette confiance qui lui donne cette capacité de « se suffire d’être aimé » et de ne pas chercher le succès dans des manifestations spectaculaires de la faveur de Dieu (« tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu, i.e., tu n’exigeras rien de lui ») ; sa confiance enfin dans la puissance d’attraction de l’amour de Dieu pour les hommes fait qu’il ne sent pas le besoin de courir après le pouvoir (« c’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras »).
En fait, les suggestions de Satan sont basées sur des mensonges subtils qui cherchent à le faire dévier du chemin de la fidélité à sa mission et donc à le faire échouer. Car les hommes ne reconnaîtront pas le Fils de Dieu, comme le suggère le tentateur, par son souci de « se servir d’abord », ni par l’enthousiasme populaire superficiel qu’il pourrait susciter, et encore moins par le pouvoir politique qu’il réussirait à accaparer. Ils le reconnaîtront uniquement à sa manière de porter la Bonne Nouvelle aux pauvres (cf. Mt 11, 2-6), et à sa manière de servir jusqu’à donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10, 42-45).
Le combat spirituel de Jésus consiste à résister au Diable et à ses mensonges. Ce n’est pas une simple discussion intellectuelle qui est engagée ici. C’est plutôt un combat contre quelqu’un qui l’incite à se passer de Dieu pour réussir sa vie et sa mission ; un combat contre celui qui veut l’entraîner à ne penser qu’à lui et à ne pas s’embarrasser de solidarité humaine.
Le combat de Jésus est un combat radical contre celui qui veut l’arracher à la confiance qui l’attache à son Père, celui qui est la source de sa vie, et de son amour pour nous. Satan, qui depuis les origines distille le venin de la méfiance et du soupçon envers Dieu, a été vaincu par Jésus qui s’est accroché dans la foi à Dieu son Père. A notre tour nous pourrons le vaincre en nous accrochant dans la foi à Jésus notre source de vie.
4.4. Le combat spirituel des baptisés
En effet, tôt ou tard les baptisés qui retrouvent avec joie la grâce de leur baptême, seront confrontés eux aussi à un combat spirituel du même type. Ils seront exposés aux mêmes illusions que le tentateur ne manquera pas de faire miroiter à leurs yeux. Ces tentations peuvent prendre plusieurs formes par exemple : « tu veux vivre en sécurité ? alors accumule les biens de consommation, même si tu n’en as pas vraiment besoin » ; « tu veux être heureux ? sers toi d’abord, prends ton plaisir et ne t’en fais pas pour les autres » ; « quelqu’un te gêne ? arrange toi pour te venger ou l’éliminer même si tu peux » ; « tu veux réussir ? alors monte dans l’échelle sociale par n’importe quel moyen, en écrasant les autres s’il le faut, en vendant ton âme s’il le faut ».
De mille et une façons, le tentateur nous entraîne subtilement à nous méfier de Dieu, à nous passer de sa Parole et de son amour. Il nous fait croire que nous arriverons à construire notre bonheur par nos propres moyens, et selon nos propres idées. Devant certaines crises de la vie, par exemple, un couple qui se déchire, une maladie grave, un conflit apparemment insoluble, des désordres personnels ou familiaux, nous sommes souvent tentés par des solutions « magiques » (recours à des pratiques occultes, à la sorcellerie, etc.). A travers ces solutions, présentées comme radicales et rapides, le tentateur ne fait que détruire notre confiance envers Dieu et nous maintenir dans l’illusion. Car en réalité ces soit disant solutions ne font que nous enfoncer dans notre mal être.
Pour sortir de ces crises, nous pouvons aussi avoir recours à des solutions « techniques » inspirées des sciences humaines (psychologie, résolution de conflit, etc.). Ces pratiques sont d’un apport valable certain, dans la mesure où elles favorisent une prise de conscience de ce qui est à l’origine de ces crises ou de ce qui y est en jeu. Mais, la prise de conscience, toute nécessaire et apaisante qu’elle soit, n’arrive pas par elle-même à atteindre la racine du mal. Cette racine est le péché qui, attisé en nous par le tentateur, nous pousse à nous méfier de Dieu à refuser d’avoir recours à Lui comme un enfant. Sous son influence nous en arrivons à « oublier » que Jésus s’est engagé à nous délivrer du mal et à nous donner la vraie liberté. Nous n’osons plus faire appel à Lui avec confiance.
Nous sommes ici au cœur du combat spirituel. Comme Jésus, lorsque nous traversons l’épreuve, nous avons tous à décider à qui nous voulons faire confiance si nous voulons vivre en paix, heureux et libre, capable aussi d’apporter une vraie contribution au bonheur de ceux qui nous entourent. Faire confiance à Jésus, c’est se livrer à lui dans la foi, croire que lui seul peut démasquer les mensonges du tentateur et nous conduire à la vérité qui nous rend libres. Faire confiance à Jésus, c’est prendre à son compte la renonciation à Satan et à tout ce qui conduit au péché qui a été proclamée en notre nom le jour de notre baptême. Faire confiance à Jésus c’est s’accrocher à lui comme un enfant et, avec Lui, nager à contre courant, sans perdre cœur.
Le combat spirituel n’est jamais un combat individuel. Nous avons tous besoin du soutien fraternel de nos compagnons de route, de leur prière et de leur discernement. Ne nous privons pas de cette ressource essentielle qui est toujours disponible. Et soyons prêts nous aussi à l’offrir à nos frères et sœurs qui luttent pour rester fidèles et libres.
Tout disciple de Jésus, appelé à témoigner de la Bonne Nouvelle, ne pourra pas éviter ce combat. Cela fait partie de prendre sa croix et le suivre. Ce langage de la croix est scandale pour les uns et folie pour les autres. Mais pour tous ceux qui font confiance à Jésus et rejettent les suggestions du tentateur, il est source de vraie liberté.
C’est dans ce combat spirituel parfois difficile et douloureux que nous sommes appelés à faire ce passage de la mort à la vie qui est au cœur même de la grâce de notre baptême. « Ou bien ignorez-vous frères que baptisés dans le Christ c’est dans sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle » (Rm. 6,3-7).
5e Etape. « Semer l’Evangile »
Tout baptisé qui retrouve la grâce de son baptême a toujours le désir de partager avec d’autres quelque chose de la foi qu’il a reçue. Si sa foi l’a aidé à résister à des propositions malhonnêtes, à passer un cap difficile, à s’engager au service des autres, ou tout simplement à retrouver la paix intérieure, son témoignage est souvent l’occasion pour d’autres d’être touchés eux aussi et de commencer un chemin. Les jeunes, comme les adultes, écoutent plus volontiers les témoins que les maîtres, et s’ils écoutent des maîtres c’est parce qu’ils sont aussi des témoins[2]. Pour célébrer l’Année de la Foi, je vous invite à semer plus généreusement l’Evangile dans lequel nous croyons et qui fait notre bonheur. Voici venu le temps des semailles. Le semeur est sorti pour semer. Et il nous invite à semer avec lui. La foi naît ou renaît de l’écoute de la Parole de Dieu. Or cette Parole nous a été donnée pour transformer nos vies mais aussi pour être partagée. Nous sommes tous capables de semer. Et les cœurs de nos frères et sœurs ont tous un coin de bonne terre qui attend d’être fécondé par cette Parole pour pouvoir porter du fruit.
5.1 Partager son expérience de foi
Les parents sèment lorsque, au lieu de se contenter de dire à leur enfant « tu dois aller à la messe », ils lui partagent simplement les raisons pour lesquelles eux, ils vont à la messe. Les éducateurs, les catéchètes, les prêtres, les religieux(ses) sèment lorsqu’ils ne se limitent pas simplement à rappeler aux jeunes des principes de morale, mais lorsqu’ils partagent comment le témoignage de Jésus dans l’Evangile les a touchés et les a aidés à mieux vivre.
Nous pouvons aussi semer lorsque certains événements de la vie socio-économique, culturelle ou politique de notre pays nous interrogent et interpellent note foi. Semer, c’est alors avoir le courage de partager ses interrogations. Il ne s’agit pas de condamner rapidement ou de prêcher la morale, mais plutôt de se laisser interpeller soi-même par ce qui se passe, et chercher, à la lumière de l’Evangile, comment réagir de manière responsable.
Accueillir ceux qui ont soif
Semer c’est aussi soigner l’accueil de ceux et celles qui viennent frapper à notre porte. Ce peut être pour demander un service, un renseignement ou simplement une écoute, un soutien. Il y en a beaucoup qui frappent à la porte de l’Eglise pour demander le baptême pour leur enfant, pour préparer leur mariage ou les funérailles d’un proche, pour demander de venir visiter un parent gravement malade, ou bénir une maison, pour apporter un soutien à une famille, pour se confesser ou pour être écouté tout simplement. Certains iront frapper directement à la porte du curé. D’autres passeront par des amis « qui fréquentent l’Eglise ». Sachons reconnaître derrière la moindre demande une grande attente. La plus petite marque de bienveillance et d’accueil peut agir comme la petite graine de moutarde semée dans un coin de bonne terre.
5.3 Aller vers ceux qui sont loin
Semer c’est encore « aller vers » ceux et celles qui ne viendront jamais frapper à la porte de l’Eglise. Eux aussi ont soif, mais ne connaissent pas toujours le chemin qui conduit à la fontaine. Que nous soyons prêtres, religieux(ses) ou laïcs, gardons toujours au fond du cœur une place spéciale, un « soft spot », pour ceux et celles qui comme au temps de Jésus sont « las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de berger ». Rien ne remplace le temps pris pour s’intéresser à quelqu’un, une visite à domicile, un appel téléphonique pour prendre des nouvelles. Tous ces gestes gratuits sont comme autant de petites semences d’Evangile.
Chacun de nous est appelé à devenir semence d’Evangile. Et comme le grain de blé tombé en terre, chacun doit accepter de mourir pour porter du fruit. Ce fut l’expérience du Christ qui, en donnant sa vie, nous a ouvert les portes d’une vie nouvelle. Ce peut être aussi notre expérience, si en donnant quelque chose de nous-mêmes, de notre temps, de notre vie, de notre amour, nous contribuons à ouvrir pour nos frères et sœurs la porte de la foi.
5.4 Soigner la célébration du baptême
Pour aider nos frères et sœurs à retrouver la grâce de leur baptême, nous pourrions porter une attention particulière au sacrement du baptême lui-même. Des propositions simples ont été faites dans certaines paroisses pour aider les fidèles à « faire mémoire de son baptême », par exemple « l’Anamnèse Baptismale » ou « l’initiation au Credo ».
La grâce du sacrement de baptême est elle-même portée par différents symboles simples qu’il s’agit de mettre en valeur durant sa célébration. L’Année de la Foi est l’occasion rêvée pour que chaque paroisse revoie sa façon d’accueillir et de préparer les parents qui viennent demander le baptême pour leur enfant. On pourrait aussi évaluer les moyens que nous nous donnons pour célébrer dignement et avec une pédagogie adaptée ce sacrement. L’expérience montre par exemple que célébrer le baptême des enfants au cours d’une eucharistie dominicale peut inviter les fidèles à s’impliquer dans l’accueil des nouveaux baptisés. Ce n’est pas bien grave si la célébration dure un peu plus longtemps. Beaucoup de parents témoignent combien ils ont été touchés par l’accueil qu’ils y reçoivent et comment cet accueil a été pour eux le déclic qui leur a permis de retrouver la grâce de leur propre baptême.
5.5 Projet catéchétique diocésain
Comme annoncé dans la lettre pastorale de l’an dernier, sera lancé bientôt le processus de préparation du projet catéchétique diocésain. Déjà notre Synode, dans sa première orientation, nous invitait à « Donner priorité à l’annonce de Jésus Christ ressuscité, unique Sauveur, vivant au cœur du monde ». Depuis, beaucoup d’initiatives catéchétiques en direction des enfants, des jeunes, des parents, des adultes ont vu le jour. La démarche proposée ici vise à prendre acte de ces différentes propositions catéchétiques qui ont cours chez nous aujourd’hui, d’en évaluer les forces, les faiblesses et les opportunités, et de préparer, à partir de là, des orientations catéchétiques plus adaptées et mieux coordonnés pour notre diocèse.
Déjà, à partir de l’expérience, quelques questions remontent à la surface. D’abord la question clé : comment toujours centrer la catéchèse, non pas seulement sur des questions de morale, mais sur l’initiation des jeunes comme des adultes à la foi en Jésus Christ ? Comment à la fois respecter la liberté de chacun et donner goût à connaître et à suivre Jésus ? Comment donner à la catéchèse adulte la place centrale qui lui revient ? Comment diversifier cette catéchèse pour s’adapter aux différents stades du développement de la foi des adultes, le réveil, l’approfondissement, le combat spirituel, les premiers pas dans la mission ? Comment la catéchèse des enfants et des jeunes peut-elle inclure les contributions respectives de la famille, la paroisse, l’école ? Comment susciter et accompagner spirituellement les acteurs de cette catéchèse ?
Conclusion
Supplions le Seigneur de susciter au milieu de nous un grand nombre de semeurs : des couples et des parents qui témoignent de leur bonheur de croire, des enseignants, des éducateurs, des catéchètes qui assument avec joie leur vocation de témoins du Christ auprès des jeunes; des jeunes qui n’aient pas peur de témoigner de leur foi au Christ dans leur vie de jeunes; des jeunes qui répondent généreusement à l’appel de consacrer leur vie à l’annonce de l’Evangile comme prêtres ou comme religieux(ses), des baptisés qui soient dans le monde des témoins du Christ, solidaires de leurs frères et sœurs, prêts à travailler ensemble pour le développement humain de tous les Mauriciens.
La grâce du baptême est à la source de toutes ces vocations. D’où l’urgence de retrouver la grâce de son baptême, de s’y enraciner. Déjà beaucoup de nos frères et sœurs ont commencé un chemin dans cette direction et en sont très heureux. Disons merci au Seigneur pour cet élan qu’il nous donne à travers eux. L’Esprit est vraiment à l’œuvre. Soyons attentifs à ce qui commence à germer autour de nous et porte déjà du fruit. Prions pour que l’Esprit Saint renouvelle notre Eglise. Qu’il nous fasse passer d’une Eglise qui sait à une Eglise qui apprend, d’une Eglise qui se croit arrivée à une Eglise qui redevient disciple et se laisse conduire. « En vérité je vous le dis, si vous ne retournez pas à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » (Mt.18,2). Pour ma part, je n’oublierai jamais ce petit enfant qui, le 14 octobre dernier, à la Reine de la Paix, m’a pris par la main et m’a tiré en avant. Comme s’il me disait, « continue à apprendre, fais un pas de plus, laisse-toi conduire ».
[1] Cf Mt 3, 11; Mc 1, 8; Lc 3, 16; Jn 1, 33; Actes 1, 5
[2]Paul VI Evangelii Nuntiandi, 1975
Event Date:
Lundi à vendredi
08h00 à 16h00
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
13 Rue Mgr-Gonin
Port-Louis
Brand online by Nova Interaction