Chers jeunes Mauriciens,
C’est à vous que je voudrais adresser cette lettre pastorale à la veille de la célébration du 50e anniversaire de l’Indépendance de notre pays.
J’avais 26 ans, j’étais jeune comme vous aujourd’hui, quand l’île Maurice est devenue indépendante. J’ai pu être témoin de grandes souffrances liées aux bagarres raciales de Port-Louis avant la proclamation de l’Indépendance ; mais j’ai vu aussi se mettre en route, après l’Indépendance, un grand mouvement national pour faire réussir le développement de l’île Maurice.
Aujourd’hui j’ai 76 ans. Un peu comme un grand-père, je voudrais partager avec vous ce que je retiens lorsque je relis ces 50 années de vie indépendante de notre pays, ses forces, ses faiblesses, ses ombres et ses lumières. Je ne prétends pas être exhaustif mais seulement ouvrir pour vous quelques pistes de réflexion, encourager l’échange entre vous et susciter l’initiative éventuellement.
Dans cette lettre, je vous livrerai aussi mes rêves pour notre pays pour ses cinquante prochaines années de vie indépendante. Peut-être que ces rêves vous stimuleront à rêver vous aussi, et surtout à chercher les moyens pour que vos rêves deviennent réalité. En effet, c’est à travers les décisions que vous prenez et le mode de vie que vous adoptez aujourd’hui que vous allez façonner, petit à petit, le visage de l’île Maurice de demain.
Pour vous jeunes chrétiens, cette lettre vous parviendra au moment où l’Eglise entre en Carême. Or, le Carême est un temps de ressourcement dans notre foi en Jésus Christ. Ce ressourcement peut nous conduire à poser un regard de foi sur notre pays pour le découvrir comme un héritage que nous avons tous reçu en partage ; un regard de foi aussi sur le peuple mauricien pour le découvrir comme des frères et des sœurs qui nous ont été donnés comme compagnons de route.
Du sucre à l’Internet
Vous, jeunes qui êtes nés plus ou moins 25 ans après l’Indépendance, vous n’avez pas pu connaître la situation économique désastreuse de l’île Maurice au moment où elle devenait indépendante. L’industrie sucrière était notre seule ressource ; elle fournissait 60% des emplois ; mais le taux de chômage avait atteint 20% de la population active. La population globale du pays était en constante augmentation. Depuis ma naissance en 1941 jusqu’aujourd’hui, cette population a plus que triplé.
Les gens étaient inquiets. A cause des troubles à Port-Louis, certains fuyaient la Plaine Verte pour se réfugier aux Plaines Wilhems. D’autres émigraient vers l’Australie, ou d’autres pays. Je revois toute cette misère, le désarroi des jeunes chômeurs qui n’avaient pas accès à l’éducation secondaire qui était encore payante et pas abordable pour la majorité. Mais les Mauriciens étaient aussi solidaires. Je me rappelle encore d’une généreuse initiative à Pamplemousses où, pour créer du travail pour les jeunes chômeurs, certains mettaient des terres à leur disposition pour planter des pistaches, d’autres montaient un atelier de réparation de bicyclette, ou encore imaginaient un système de livraison de pains et de gâteaux à bicyclette dans les villages du Nord.
Heureusement que, grâce à des accords préférentiels sagement négociés (le Protocole Sucre de 1975 et la Convention de Lomé en 1975) l’île Maurice a pu vendre son sucre à des taux qui lui assuraient des revenus suffisants, non seulement pour survivre mais aussi pour pouvoir investir dans la zone franche textile et dans le tourisme – ce qui donna du travail à des dizaines de milliers de Mauriciens. A partir des taxes sur le sucre, la Zone Franche et le tourisme, l’île Maurice a pu également soutenir les dépenses d’un Etat Providence avec les soins de santé gratuits, l’éducation gratuite et des subsides sur des denrées de base (riz et farine).
Cependant, la Zone Franche et l’hôtellerie, tout en créant les emplois dont les Mauriciens avaient grand besoin, ont aussi beaucoup bouleversé les modes de vie d’une culture populaire mauricienne très liée à un rythme de travail agricole – celui de l’industrie sucrière. Les nouveaux horaires de travail étaient souvent perturbants et les conditions d’emplois quelque fois très dures. Les gens étaient dérangés dans leurs habitudes et avaient du mal à s’adapter. Il y a eu des moments de tensions, des grèves et de dures négociations.
Il a fallu, d’une part, un grand esprit d’entreprise, et d’autre part, beaucoup de concertation et une profonde confiance dans la capacité du peuple mauricien pour pouvoir relever les défis. Nous pouvons être reconnaissants pour l’esprit de « give and take » entre les entrepreneurs privés, les syndicats et le gouvernement pour que peu à peu cela débouche sur un progrès économique certain.
Ces dernières 25 années cependant, ont été marquées d’une part par un rapetissement de l’industrie sucrière et un tassement de l’industrie textile, et d’autre part, par une montée en puissance du secteur financier, des technologies de l’information et des communications et de l’immobilier. Ce qui a donné un nouveau souffle à l’économie tout en l’orientant de plus en plus vers une économie de service. Cette économie donne du travail surtout à des jeunes déjà diplômés mais laisse sur le carreau d’autres jeunes, qui, tout en étant doués eux aussi à leur façon, n’ont pas de diplômes. Avec une formation adaptée à leurs besoins, ceux-ci pourraient assumer certains emplois dans l’hôtellerie et le bâtiment. Je connais au moins deux firmes qui font un bon travail dans ce sens. Mais il faudrait aller beaucoup plus loin si l’on veut vraiment que l’économie serve au développement des personnes et non pas seulement à faire monter le taux de croissance économique de quelques points.
Cependant, tout en ayant beaucoup apporté au bien-être de la population, le développement économique mauricien, orienté qu’il est vers une croissance toujours plus grande, entraîne au moins deux dangers sérieux pour notre pays.
D’abord, ce type de développement cause de plus en plus de dommages à l’environnement, avec par exemple, la pollution causée par l’utilisation majoritaire de l’énergie fossile – pétrole et charbon ; avec nos rivières et nos lagons encombrés et endommagés par des détritus de toute sorte ; avec un volume croissant de déchets et de moins en moins d’endroits disponibles pour les enfouir ; avec l’érosion grandissante de nos plages ; avec nos légumes et nos fruits traités aux pesticides et aux fertilisants chimiques, ce qui les rend même toxiques quelquefois.
Par ailleurs, un type de développement orienté vers une croissance à tout crin creuse aussi un fossé toujours plus grand entre les riches et les pauvres : l’écart entre les salaires à Maurice a augmenté ces dernières années et atteint des proportions qui suscitent de sérieuses interrogations par rapport aux inégalités. Les signes de cet écart sont de plus en plus flagrants dans l’habitat, dans l’accès aux soins de santé, dans l’urbanisme. Cela engendre un malaise social que personne ne peut ignorer.
Ces signes indiquent que notre économie est atteinte par un virus sournois et nous alertent sur l’urgence de rééquilibrer nos objectifs économiques pour que la croissance intègre activement le développement humain des personnes, le respect des droits humains des plus pauvres et la protection de notre environnement.
Chers jeunes, il ne faut pas oublier que le progrès économique indéniable de l’île Maurice aurait été impossible à réaliser s’il n’avait pas été soutenu par un ferme attachement des gouvernements successifs de l’île Maurice indépendante au maintien de l’Etat de Droit. A l’exception du renvoi des élections générales de 1972 à 1976, assorti de la proclamation d’un état d’urgence et de la censure de la presse, l’île Maurice indépendante a connu des élections générales à intervalle régulier, avec une alternance des partis politiques au pouvoir. La vigilance des médias libres ainsi que l’indépendance du pouvoir judiciaire assurent un minimum de bonne gouvernance et nous préservent d’abus grossiers. J’ai été heureux d’entendre des jeunes Mauriciens de tout bord dire leur appréciation de la liberté d’expression et de la liberté religieuse dont nous jouissons et qui sont protégées par le droit.
Cependant, l’exercice concret de notre système démocratique donne lui aussi plusieurs signes d’épuisement. C’est bien que le peuple soit appelé à exercer son droit de vote une fois tous les 5 ans à l’occasion des élections générales ou municipales ; mais dans l’intervalle tout se passe comme s’il n’avait pas voix au chapitre : on ne fait plus confiance à son bon sens, il est relégué au statut de spectateur ou de consommateur. Pour se faire élire, la grande majorité des politiciens ne présente guère plus de projets de société soutenus par une vision d’avenir ; ils sont habités plutôt par des objectifs à courte échéance : la soif d’être élus ou réélus. Pour s’attirer les votes, ils sont prêts à accorder des faveurs à droite et à gauche et à nous faire des promesses mirobolantes, l’espace d’une campagne électorale. On abrutit le peuple au lieu de l’écouter et de l’inviter à réfléchir.
Par ailleurs, les vrais adhérents à un parti ont laissé la place à de simples « fans », des suiveurs inconditionnels qui n’ont d’autre rôle que d’assurer une clientèle à leur maître en échange de grasses récompenses en « hard cash », en terres d’Etat ou en postes lucratifs. Il est dangereux et irresponsable de laisser ainsi notre démocratie se déprécier aux yeux des générations qui montent et qui en ont assez. Vous, les jeunes d’aujourd’hui, vous avez les yeux ouverts ; vous souffrez de n’avoir plus de « role models » en politique. Vous êtes dégoûtés par les propos vulgaires, les coups bas.
Parmi les causes de cette triste dévaluation de notre démocratie, je relève l’absence de règlementation du financement des partis politiques et l’absence d’obligation pour les députés élus à déclarer leurs avoirs, ce qui encourage un manque de transparence. Il y a aussi l’encouragement tacite – provenant de l’inscription d’un Best Loser System à caractère communal, dans la constitution – à faire davantage confiance à la représentation ethnique qu’à la représentation citoyenne. Il ne suffit pas de faire appel à un sursaut moral chez les élus pour sauver la démocratie. Il faut avoir le courage politique d’émettre de nouvelles règles du jeu, d’ériger de nouveaux garde-fous qui assurent la transparence dans les partis politiques et le fair-play dans le système électoral.
J’ai entendu avec joie plusieurs d’entre vous, jeunes Mauriciens, parler du bonheur que vous avez à évoluer dans un contexte social multiculturel. J’aime beaucoup moi-aussi cette diversité qui se décline dans la cuisine, dans l’art et la musique, dans l’habillement et dans les traditions religieuses. Nous apprécions tous aujourd’hui le respect dont témoignent les Mauriciens envers les traditions et les coutumes différentes de leurs compatriotes.
Quand j’étais jeune, avant l’indépendance, ce n’était pas tout à fait comme cela. Nous vivions très séparés les uns des autres. Les lieux de travail, les lieux de loisirs étaient différents. L’éducation secondaire n’était pas ouverte à tous. L’éducation universitaire était à la portée d’un petit nombre car il fallait partir à l’étranger, et cela était très coûteux.
Par contre, à Port-Louis, il y avait, avant l’indépendance, un vivre ensemble solidaire et fraternel entre personnes de différentes communautés. J’ai entendu de nombreux Mauriciens en témoigner. Les bagarres raciales de 1968 ont non seulement causé des souffrances terribles à beaucoup de familles de Port-Louis mais elles ont aussi blessé profondément ce mauricianisme qui commençait à s’affirmer joyeusement à la base.
Cependant, l’avènement de l’éducation gratuite, le travail ouvert à tous en usine, dans le tourisme et dans beaucoup d’entreprises, ainsi que l’accès de plus en plus de jeunes de toute origine à l’université ont favorisé de plus grandes possibilités de rencontres au travail ou dans des lieux de loisir, une meilleure connaissance mutuelle. Ce qui d’ailleurs a donné lieu également à de plus en plus de mariages mixtes. Cela a eu l’avantage de nous faire sortir progressivement des vieux cloisonnements que j’ai connus quand j’étais jeune.
Malgré ce progrès indéniable, il reste que certains vieux démons resurgissent quelquefois. Par exemple, même s’il est heureux que, depuis l’Indépendance, une forte proportion de Mauriciens soit devenue propriétaire de leur logement, que l’accès à l’éducation soit ouvert à tous, qu’une offre d’emploi diversifiée ait contribué à réduire de beaucoup le chômage et la misère, il reste que certaines discriminations et un certain repli communal demeurent dans l’embauche publique ou privée. On assiste aussi à un type de ghettoïsation de l’habitat. De plus, certaines écoles, certaines structures de santé ou certaines plages, tout en étant officiellement « ouvertes à tous » ne sont pas toujours accessibles à tous.
Par rapport aux loisirs, quand j’étais jeune, je me souviens qu’il n’y avait pas beaucoup de facilités et qu’il fallait nous organiser nous-mêmes. Par exemple, pour jouer au tennis, nous devions nous-mêmes tondre le gazon, marquer le court, rafistoler un vieux filet. Ou pour faire de la voile, nous allions faire des régates avec les pêcheurs ; ils nous apprenaient à hisser les voiles, à barrer le bateau, à redresser une pirogue si elle se renversait. On se débrouillait avec peu de moyens, mais on était créatifs et on s’amusait beaucoup.
Or, aujourd’hui, malgré de meilleures conditions de vie, malgré des facilités sportives plus nombreuses et de meilleure qualité, malgré une plus grande diversité de loisirs disponibles, la consommation d’alcool et de drogues de toute sorte chez les jeunes, et pas seulement chez eux, atteint des proportions inquiétantes et jamais atteintes auparavant.
Je m’interroge sur ce que signifie ce phénomène. Est-ce le signe d’une certaine déception que beaucoup parmi vous ressentent dans vos relations avec vos parents ? Par exemple, quand ceux-ci sont peu présents à la maison ? Ou est-ce le signe que vous vous sentez quelquefois peu compris dans vos difficultés ou peu encouragés dans vos efforts ? Est-ce le signe d’une désillusion chez ceux d’entre vous qui, après avoir misé sur une consommation de plus en plus grande pour atteindre un certain « mieux être », se rendent compte que l’acquisition des derniers gadgets ou l’accès aux voyages et aux hauts lieux de loisirs, ne réussit pas à leur apporter le bien-être qu’ils recherchaient ? Est-ce que ces jeunes déçus cherchent alors des sensations toujours plus fortes, toujours plus « originales » ? Ce qui expliquerait pourquoi ils se laissent prendre dans une spirale d’expériences toujours plus risquées et s’étourdissent sans jamais atteindre le bonheur stable qu’ils recherchaient pourtant.
Même si le vote chrétien s’était manifesté massivement contre l’Indépendance lors des élections de 1967, une fois l’Indépendance proclamée en 1968, l’Eglise a apporté aussi son soutien à la réussite du développement de l’île Maurice Indépendante.
Je dois dire que j’ai beaucoup gagné en vivant comme jeune prêtre dans une Eglise qui, sous le leadership du Cardinal Margéot, a su se mettre clairement au service de la société mauricienne. Sa contribution, inspirée de sa foi en Jésus Christ, a été surtout de porter le souci constant du développement humain des personnes et de la société.
Ainsi, par exemple, tout en encourageant l’esprit d’entreprise si nécessaire pour faire décoller l’île Maurice à l’époque, le Cardinal insistait aussi – à travers la Commission Justice et Paix – sur la participation de tous aux décisions et aux profits dans l’entreprise et sur la nécessité d’assurer un minimum vital à tous les salariés.
En ce qui concerne la politique, il recommandait que l’Eglise garde sa liberté par rapport aux partis politiques, tout en gardant le droit d’intervenir sur des questions de société comme la justice sociale, la liberté religieuse ou la protection des plus vulnérables.
A un moment où l’île Maurice était menacée par une surpopulation galopante, l’Action Familiale, fondée par le Cardinal Margéot, a apporté une contribution de premier plan pour éduquer des parents de toutes communautés à vivre une parenté responsable, dans le respect de leur tradition religieuse.
Quand le Premier Ministre de l’époque, le Dr S. Ramgoolam proclame l’éducation gratuite en 1976, sans hésiter l’Eglise coopère en acceptant de faire participer tous les collèges catholiques à ce projet novateur qui allait marquer un vrai tournant dans l’histoire de Maurice.
A la même époque, les jeunes étaient invités à vivre le mauricianisme au raz des pâquerettes. Ils partaient à bicyclette, campaient dans les villages, rencontraient les gens, les aidaient à reconstruire leurs maisons détruites par les cyclones, les initiaient à planter leurs propres légumes. Ils s’appelaient « M25 » ou « Caravane Jeunesse Fraternité », « Le Tour de l’Amitié », ou « Young Farmers ». Un peu plus tard, Mgr Nagapen et Jean-Noël Adolphe fondaient l’Institut pour le Développement et le Progrès où plusieurs de ces jeunes de toutes communautés allaient se former ensemble au leadership social. Cela a beaucoup contribué à forger chez les jeunes de cette génération un sens patriotique.
Avec mes confrères prêtres, les religieuses et les laïcs que j’ai côtoyés à cette époque, j’ai appris à mieux connaître ce peuple mauricien dans toute sa diversité, dans toute sa complexité. J’ai appris aussi à l’aimer tel qu’il est, avec son dynamisme et ses limites, avec ses qualités et ses défauts. Je rends grâce à Dieu pour ce peuple mauricien où je suis né, et pour l’Eglise mauricienne qui m’a façonné. Avec elle, j’ai appris à marcher au milieu du peuple mauricien comme au milieu de frères et de sœurs qui m’étaient donnés comme compagnons de route. Je rends grâce pour la joie que j’ai eue à leur partager l’Evangile et à servir le pays à leurs côtés.
Dans cette brève relecture des 50 années de l’Indépendance de notre pays, j’ai voulu partager avec toi ce que je vois comme les progrès indéniables accomplis par l’île Maurice depuis l’Indépendance. Mais je n’ai pas voulu pour autant passer sous silence les signes de crises qui, me semble-t-il, se profilent à l’horizon.
Les crises ne sont pas des drames. Ce sont plus simplement des difficultés réelles que nous rencontrons sur notre chemin et que nous devons confronter honnêtement. Ces crises nous forcent à nous remettre en question et peuvent ainsi devenir des opportunités. C’est l’occasion pour nous de nous projeter dans l’avenir, d’exprimer comment nous souhaitons voir l’île Maurice se développer et nous préparer à relever les défis.
C’est pourquoi je voudrais maintenant partager avec toi mon rêve pour l’île Maurice. Ce rêve n’est pas un programme déjà tout ficelé, mais plus simplement le grand désir que je porte en moi pour l’île Maurice de demain. Je crois qu’il est de ma responsabilité de citoyen et de croyant de te les transmettre.
A crise globale, solution intégrale
Quand je réfléchis aux signes de crise qui clignotent depuis notre indépendance, je réalise qu’il n’y a pas en fait plusieurs crises séparées les unes des autres. Il y a en fait une seule crise, qui est à la fois économique, démocratique, sociale et morale, une crise qui se trouve elle-même ancrée dans la crise écologique profonde qui touche notre planète aujourd’hui.
La formidable croissance économique qu’ont connu les pays occidentaux depuis la 2e guerre mondiale nous a rendus euphoriques et nous avons oublié que cette croissance était due en grande partie à une source d’énergie abondante et à bon marché : le pétrole. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Ces progrès rapides nous ont aveuglés sur le fait qu’une croissance économique ne peut être sans limite et sans fin dans un monde où les ressources qui rendent cette croissance possible sont limitées. Ce qui veut dire en clair que le style de développement produit pour une économie libérale telle qu’il a cours en Europe et aux USA n’est pas un modèle pour tous les pays de la planète. En nous vendant ce modèle, on nous vend un mirage parce que les ressources de la terre ne suffiront pas à le faire fonctionner pour tous.
De plus en plus de gens réalisent aujourd’hui que la hantise pour une croissance économique toujours plus grande est attisée par la soif de posséder et de consommer toujours plus. Or, cette consommation toujours croissante produit un gaspillage et un volume de déchets toujours plus grand et plus toxique qui menace l’équilibre écologique de notre planète. De plus, la croissance recherchée pour elle-même fait grandir les inégalités et creuse un fossé toujours plus scandaleux entre les riches et les pauvres.
La démocratie aussi est pervertie par cette soif d’avoir toujours plus. Car le pouvoir est de moins en moins perçu et vécu comme un service désintéressé du bien commun ; il devient de plus en plus une manière de se positionner pour accéder à une part plus grande des richesses. Cet appétit de l’avoir et du pouvoir nous rend aveugles sur les vrais besoins des plus pauvres et sourds aux appels d’une solidarité élémentaire.
Nous sommes à une période charnière de notre histoire : un moment sans précédent où une crise globale concerne la planète entière. La crise financière de 2008 qui n’était que le sommet de l’iceberg a secoué beaucoup de personnes et les a réveillés d’une certaine léthargie.
Nous sommes la première génération à savoir que nous sommes en train d’épuiser les ressources naturelles nécessaires pour soutenir le type de développement que nous avons commencé. Cela peut nous faire peur mais cela nous éclaire aussi sur la responsabilité qui est la nôtre : devoir imaginer une transition vers un avenir plus soutenable pour l’ensemble de l’humanité[1].
C’est dans ce sens que le Pape François insiste qu’« il est fondamental de chercher des solutions intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes naturels entre eux et avec les systèmes sociaux ». « Les possibilités de solution, nous dit-il, requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature »[2].
Pour une écologie intégrale
C’est pourquoi mon rêve pour nous, Mauriciens au début du 21e siècle, c’est de gagner le pari d’adhérer ensemble à une écologie intégrale à la mauricienne pour confronter la crise socio-économique, écologique et morale qui nous atteint de plein fouet aujourd’hui. Prendre à cœur cette écologie intégrale voudrait dire que les hommes politiques, les opérateurs économiques et la société civile dans son ensemble, ne se contentent plus de rêver de passer dans le club des pays à hauts revenus ; mais plutôt qu’ils se retroussent les manches pour mettre en œuvre une politique de développement économique qui intègre à la fois :
Cette écologie intégrale avec ses 3 composantes est une manière de formuler en positif le défi global qui émerge des différentes crises dont les signes apparaissent quand nous relisons notre parcours depuis l’indépendance. En parlant d’écologie intégrale comme de notre premier défi, je ne veux en rien diminuer l’importance d’un développement économique qui tienne la route et puisse s’adapter constamment aux différentes mutations de l’histoire. Ce que je souhaite surtout c’est que tout l’effort économique nécessaire ait comme premier objectif la mise en œuvre concrète et soutenue de cette triple écologie.
Pour relever ce défi, nous savons que nous devons accepter non seulement de réorienter notre politique économique mais aussi de changer notre mode de vie et d’en adopter un qui soit plus « neighbour friendly » et plus « environment friendly ».
Ce nouveau mode de vie est fondé sur des principes simples :
Mon rêve pour l’île Maurice, c’est que nous puissions gagner le pari de mettre en pratique cette écologie intégrale à la mauricienne, en travaillant ensemble avec des compatriotes de différentes origines mais conscients d’avoir une destinée commune.
C’est comme dans une équipe de foot. Pour qu’un groupe de joueurs disparate devienne une équipe soudée, il faut d’abord qu’ils aient un rêve : gagner le championnat. Et puis il faudra s’entraîner ensemble, élaborer ensemble des stratégies, s’encourager et se corriger mutuellement avec amitié et franchise et puis, surtout jouer ensemble. L’île Maurice peut être une équipe gagnante si chacun y met du sien. Et surtout si nous jouons tous la carte du mauricianisme.
Déjà la plupart d’entre nous, Mauriciens, portons au fond du cœur un sens d’appartenance à ce peuple, à ce pays. Nous sentons que son histoire est notre histoire, que son destin est notre destin. Je ressens cela souvent quand je rencontre des Mauriciens à l’étranger. Très vite, un lien fort s’établit entre nous, même si nous ne nous connaissons pas depuis longtemps. Nous avons les mêmes références, nous pouvons rigoler des mêmes plaisanteries, apprécier la même nourriture. Nous sommes tous des descendants d’immigrants venus de continents différents, chacun avec sa culture et sa tradition religieuse propre, mais nous nous sentons proches parce que nous appartenons à cette terre, à ce peuple. Quelque part nous sommes heureux et fiers d’être Mauriciens.
Ce mauricianisme s’est exprimé à travers de beaux gestes de solidarité envers nos frères et sœurs les plus démunis après le cyclone Berguitta. Cette solidarité était vraiment mauricienne : elle sourçait pour ainsi dire de toutes les communautés et d’une multitude d’ONG pour aller vers ceux et celles qui souffraient le plus du cyclone.
Mais quelle est cette identité mauricienne qui nous est commune même si nous avons des origines différentes ? Il est très difficile de la définir mais nous sentons tous qu’elle est là, qu’elle nous a façonnés et nous en sommes heureux. Comme aimait dire le Cardinal Margéot, c’est un peu comme dans une salade de fruits, chaque fruit garde sa couleur, son goût, ils ne sont pas tous écrasés ensemble comme dans une compote. Mais de la rencontre entre ces différents fruits, se dégage une saveur spéciale qui donne un goût inédit à la salade, le goût de l’identité mauricienne.
Développer une culture de la rencontre
Cependant, malgré de belles avancées depuis l’indépendance, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour devenir un peuple mauricien vraiment solidaire. Nous sommes encore blessés par le communalisme ambiant. Ce mal corrompt profondément l’accès à l’emploi, pourrit la politique, décourage les compétences, sème la méfiance et fait beaucoup d’exclus. Tu en as peut-être fait l’expérience douloureuse toi-même.
Pour relever le défi du mauricianisme aujourd’hui, il ne suffit pas d’être fier de notre diversité culturelle. Il faut encore que les personnes appartenant à ces différentes cultures se rencontrent en vérité. Il s’agit de développer entre nous ce que le Pape François appelle « une culture de la rencontre ». Nous ne pouvons nous contenter d’une « diversité juxtaposée » ; il faut arriver à une « diversité réconciliée ». Il s’agit d’abord d’accepter que l’autre soit différent de moi ; ne pas chercher trop vite « les bases communes » mais au contraire partir de la différence : « Je suis comme ceci, tu es comme cela. Essayons de découvrir nos différences, de les comprendre et de nous approcher l’un de l’autre avec respect ». Il n’y aura pas de vraie rencontre, de vrai dialogue, ni d’amitié sincère si ces différences qui existent entre nous ne sont pas reconnues, accueillies et si je ne me réconcilie pas avec elles. Aimer l’autre, le respecter ce n’est pas rechercher en lui ce qui me ressemble pour m’y accrocher mais l’aimer dans sa différence et laisser cette différence m’instruire, m’interpeller. Apprécier l’autre te permet de valoriser la richesse que tu portes.
Même si cette différence me dérange ou me fait peur, je dois résister à la tentation de l’écarter ou de l’ignorer. Si quelqu’un a une approche à la vie qui est différente de la mienne, c’est qu’il voit quelque chose que je ne vois pas. Si je le rejette, je me prive d’accéder à la compréhension d’une partie de la réalité humaine. Seuls, nous ne sommes pas grand-chose. Nous avons besoin de l’estime et de la remise en question de l’autre pour devenir nous-mêmes.
Jouer la confiance
Ce dont nous avons besoin au fond pour développer un vrai mauricianisme, c’est de faire jouer la confiance avant d’exprimer nos objections ou nos réserves – même si celles-ci peuvent être légitimes[3].
Faire jouer la confiance, c’est par exemple s’attendre à ce que l’autre puisse m’apporter quelque chose ; oser lui demander un service. Reconnaître concrètement que l’autre qui est devant moi peut me faire du bien.
C’est ce que nous enseigne l’exemple de Jésus lors de sa rencontre avec une Samaritaine (Jn 4). Celle-ci s’approche d’un puits. Jésus est là au bord du puits, fatigué par la route. Or, les Juifs, le peuple de Jésus, nourrissaient beaucoup de préjugés envers les Samaritains ; ils les considéraient inférieurs et refusaient de les fréquenter. De plus, la femme qui vient puiser de l’eau est probablement une prostituée.
Mais Jésus demande à la femme de lui donner à boire car il a très soif. Jésus joue la confiance, il reconnait que cette femme peut lui apporter quelque chose de vital – de l’eau en plein désert. Il lui ouvre un espace où elle peut reprendre confiance en elle. Grâce à cette confiance, elle finira par reconnaître sa situation en toute vérité. Grâce à cette confiance, elle pourra aussi entendre Jésus, qui ne l’a pas jugée, lui dire ce qu’il est en toute vérité. Cette rencontre la transformera profondément.
Vous, jeunes Mauriciens d’aujourd’hui, mettez-vous à l’école de Jésus. Avancez avec douceur et humilité. Vous pouvez faire une différence. Par votre manière de vivre, vous pouvez faire fleurir ce mauricianisme dont nous rêvons tous.
Revenons à notre île Maurice et à son histoire. Peut-être ne sais-tu pas que dans les années 1850, une jeune fille mauricienne de 25 ans, la toute première à se faire religieuse, prit une initiative qui montre qu’elle avait déjà un sens profond du mauricianisme. Elle s’appelait Caroline Lenferna, puis prit le nom de Sœur Augustine lors de son entrée au couvent.
A cette époque une terrible épidémie de choléra sévissait à Port-Louis ; les gens mouraient comme des mouches. Cette jeune Mauricienne décida, avec ses sœurs, d’ouvrir un orphelinat dans leur maison de la Rue Edith Cavell pour abriter les nombreux enfants dont les parents mouraient du choléra. La jeune sœur accueillait dans la même maison des enfants anglais, français, indiens, créoles, chinois. Elle les élevait ensemble, les éduquait et leur apprenait à vivre ensemble, à jouer ensemble.
Dans le contexte colonial de l’époque, où les différentes composantes de la société mauricienne étaient strictement compartimentées, cet orphelinat peut être considéré comme un des berceaux du mauricianisme.
Pour que le mauricianisme devienne une réalité dynamique qui se propage dans notre pays, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il nous soit servi sur un plateau. Pour devenir les bénéficiaires du mauricianisme, nous sommes appelés à en être les acteurs. De même pour l’écologie intégrale dont je te parlais plus haut et pour le nouveau mode de vie qu’elle entraîne.
Ces changements seront le fruit de l’engagement de simples citoyens, de jeunes comme toi, qui, à la manière de Sr Augustine au 19e siècle, prendraient des initiatives sur une échelle modeste au départ, mais qui parleront par elles-mêmes, stimuleront d’autres à se mettre en route et créeront ainsi un réseau de plus en plus solide parce qu’ancré dans la conviction des citoyens.
La société civile ne fonctionne pas selon un schéma vertical, comme une administration où les décisions sont prises là-haut, et sont exécutées à la base. Elle avance plutôt de manière horizontale en posant, ici et là, de petits gestes prophétiques qui donnent du sens à la vie, touchent les cœurs, réveillent les consciences.
Je sais qu’à Maurice, plusieurs d’entre vous sont déjà engagés dans des projets qui vont dans ce sens, comme parmi tant d’autres, des initiatives artistiques avec un fort accent interculturel ou des rencontres informelles entre personnes de différentes religions pour réfléchir ensemble à des questions d’intérêt national ; ou encore comme la promotion de jardins scolaires ou familiaux où l’on cultive des légumes sans pesticides ni fertilisants chimiques ; et comme des projets qui encouragent le tri des déchets et leur recyclage.
Je souhaite que ces différents types de projets soient mieux connus et plus soutenus. Car ce type d’initiative démontre qu’il est possible de développer un style de vie plus mauricien et plus écologique à partir de la base, sans être hanté par le seul souci d’un profit toujours plus grand, mais en étant motivé par le bonheur simple des personnes qui participent à leur niveau au développement d’une société plus saine et plus réconciliée.
C’est la société civile qui change le monde et non plus les gouvernements. Or, les acteurs et les actrices de la société civile de demain, c’est vous les jeunes d’aujourd’hui.
Cher jeune Mauricien, tu verras ce que tu voudras faire des rêves que je t’ai partagés ici. Cela ne me choquera pas si tu veux les corriger ou les transformer ou même en élaborer d’autres plus adaptés ou meilleurs. Pourvu que ce que je t’aurais transmis puisse t’aider à réfléchir, à partager avec tes camarades, et éventuellement à te mettre en route avec eux. Je crois seulement que je dois remettre ce rêve entre tes mains. Car Dieu, notre Père à tous, compte sur toi : c’est lui qui t’a donné ce petit coin de terre qui s’appelle l’île Maurice pour que tu la respectes et la protèges afin de pouvoir la transmettre en bon état aux générations futures. C’est Dieu encore qui t’a donné ces frères et ces sœurs mauriciens de toute origine culturelle pour que tu les aimes, les respectes et travailles avec eux pour le développement humain de tous.
« Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5, 13). En t’adressant ces paroles, Jésus te fait confiance. Il connaît ton potentiel, il apprécie ton respect pour tes frères et sœurs de culture et de religion différentes. Il connaît ton intérêt pour la protection de notre environnement ; il sait ton dégoût pour l’injustice et ton souci pour que les droits humains de tous, et spécialement des plus vulnérables, soient protégés.
Mais Jésus connaît aussi tes fragilités, il sait comment tu es exposé aux forces contraires qui militent malheureusement contre le mauricianisme et contre l’écologie humaine intégrale ; ces forces criminelles qui, pour quelques poignées de roupies, sont prêtes à répandre le poison de la drogue, de la corruption et de l’égoïsme dans la vie des jeunes. C’est pourquoi Jésus ajoute : « si le sel vient à s’affadir, avec quoi redeviendra-t-il du sel ? » (Mt 5, 13). C’est une manière de te mettre en garde, contre l’érosion toujours possible de ton idéal.
Un synode sur les jeunes à Rome
C’est dans cet esprit, que le Pape François a convoqué pour cette année un Synode sur la vie des jeunes. Par ce Synode, il veut inviter l’Eglise à réfléchir sur ce qu’elle peut recevoir de vous les jeunes et sur ce qu’elle peut aussi vous apporter. Cher jeune, tu nous interpelles déjà beaucoup, nous adultes, par ta grande sensibilité pour la justice et par ton attachement profond au mauricianisme. Je suis sûr qu’en t’écoutant davantage, tu aurais encore beaucoup d’autres choses à nous apporter. De son côté, l’Eglise aussi voudrait te partager ce qu’elle a de meilleur – sa foi en Jésus Christ. C’est elle qui nous permet de tenir quand soufflent des vents contraires ; c’est elle qui nous fait découvrir la joie de servir les autres plutôt que de se faire servir.
Ma foi en Jésus
J’avoue que ce rêve pour l’île Maurice que je t’ai partagé est très coloré par ma foi en Jésus Christ. C’est elle qui m’a éclairé sur mon chemin et c’est elle qui m’a donné du courage quand j’ai rencontré des difficultés.
C’est pourquoi en te partageant mon rêve pour l’île Maurice je ne peux pas ne pas te partager – même brièvement – quelque chose de ma foi en Jésus Christ.
A travers Abraham, Moïse et les Prophètes jusqu’à Jésus lui-même, Dieu ne cesse de nous redire une même chose « Ne crains pas, je t’aime, tu as du prix à mes yeux, je suis avec toi tous les jours » (Is 43, 4 et Mt 28, 20). La foi c’est faire confiance à cette déclaration d’amour totalement gratuite qui résonne à travers toute la Bible et qui touche le fond de nos cœurs. Faire confiance c’est non seulement croire que c’est vrai, mais aussi se laisser conduire par celui qui s’approche de nous comme un bon berger qui vient chercher sa brebis égarée. Il vient pour nous libérer de nos peurs et de notre solitude, pour nous mettre en relation avec des frères et des sœurs qui croient eux aussi et qui en sont heureux. Se laisser conduire, c’est lui faire confiance. La route qu’il nous propose, celle du don de soi pour le service des autres, celle de la patience et de la fidélité peut nous priver quelque fois de certains plaisirs mondains, mais elle nous conduit toujours à connaître une grande joie. Cette joie est une joie profonde, tranquille, sereine qui est comme une participation à la joie même que le Christ a connue quand il a donné sa vie pour nous (Jn 15, 11). C’est peut-être la chose la plus belle que j’ai apprise de Lui durant toute ma vie.
En te partageant ainsi le cœur de ma foi, je ne cherche pas à te convaincre, je veux seulement te livrer mon témoignage. En écho à l’invitation « Venez et vous verrez » (Jn 1, 39) que le Christ faisait aux premiers jeunes qu’il rencontrait sur le bord de la mer, Jésus te dit la même chose aujourd’hui. Je voudrais simplement t’inviter à venir le rencontrer et tu verras toi-même tout ce qu’il peut t’apporter dans ta vie de jeune.
L’Eglise est là d’abord et avant tout pour te transmettre cette simple invitation à travers les prêtres de paroisse, les mouvements de Jeunes et le Service Diocésain de la Pastorale des Jeunes[4].
Je compte sur toi
N’oublie pas, Jésus t’aime, il te fait confiance. Tu es vraiment le sel de la terre. Le sel est toujours enfoui, il reste discret. Mais sans le sel la nourriture est insipide. Jésus est à tes côtés pour que le sel que tu es ne s’affadisse pas, mais qu’il donne un nouveau goût de vivre aux Mauriciens des prochaines générations.
L’île Maurice compte sur toi. Moi aussi, je compte sur toi.
+ Cardinal Maurice E. Piat
Evêque de Port-Louis
[1] Cf Kate Raworth – Doughnut Economics p.
[2] Cf. Pape François “Laudato Si No. 139
[3] Je m’inspire ici du livre de Mgr Pierre Claren “Petit traité sur le dialogue »
[4] Site du Mouvements de Jeunes et le Service Diocésain de la Pastorale des Jeunes : www. pastoralzenn.org et facebook : Pastoral zenn
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