Hier au Château du Réduit, a eu lieu le lancement d’un livre de Mme Allia Syed Hossen-Gooljar sur le dialogue inter religieux. Ci-dessous, l’intervention du père Philippe Goupille, président du Conseil des Religions qui explique l'objectif du livre et sa place dans l’histoire du Conseil des Religions.
Votre Excellence le Président de la République de l’Ile Maurice
Chers membres du Conseil des Religions
Ce n’est pas sans une certaine émotion que je me retrouve ce matin au Réduit pour le lancement du livre de Mme Allia Syed Hossen-Gooljar : Le dialogue interreligieux au sein des différentes religions.
Je fais mémoire de cette première rencontre que j’ai eue avec votre prédécesseur Cassam Uteem en 1995 au cours de laquelle nous avons conjointement lancé le projet de mettre sur pieds un Comité Interreligieux. Le Président Uteem m’avait approché pour initier ce Comité pour l’aider dans sa responsabilité de Président de la République par rapport aux différents problèmes sociaux concernant d’abord le travail des femmes et l’impact de cette non présence à la maison des mères de familles sur l’éducation des enfants.
Il est un fait que la révolution industrielle que nous avons connue à Maurice dans les années 1980 a eu un réel impact sur la vie des familles. La plupart des mères de familles mauriciennes avaient l’habitude de rester a la maison et se distrayaient tous les matins par la célèbre émission de la MBC radio « ménagères à vos postes ». Quand le nombre d’usines commencent à exploser et que les femmes sont engagées à travailler de longues heures par jour, il n’était plus question d’avoir le temps d’écouter « ménagères à vos postes ». certaines devaient quitter leurs maisons très tôt le matin pour rentrer très tard le soir sans compter souvent le travail toute la nuit. Ce phénomène nouveau du travail dans les usines venait s’ajouter celui qu’offrait le développement du Tourisme. Là aussi les femmes étaient employées pour travailler dans les hôtels et leur emploi du temps s’en trouvaient bouleversé.
Le Président Uteem avait bien compris que cette révolution cruciale aurait un impact sur l’éducation des jeunes et la vie des couples. C’est pourquoi il a fait appel aux chefs religieux qui dans les Mosquées, les temples, les églises avaient régulièrement contact avec les familles mauriciennes. Les hommes religieux de par leur fonction étaient les témoins privilégiés de cet important changement qui s’opérait au sein des familles. Il nous invitait donc à le rencontrer régulièrement chaque mois pour échanger ensemble et prendre le pouls de la population. Cet ainsi qu’est né le fameux Comité des Sages qui avait un bureau mis à notre disposition dans le petit pavillon qui jouxte la demeure du Président. Il avait même mis à la disposition de ce Comité un secrétariat qui fut confié à une employée de son propre secrétariat.
Ce Comité de réflexion fonctionna jusqu’en 1999 quand le Président Uteem se retira de la Présidence, il fut remplacé par Karl Offman, lequel étant intérimaire, n’a pas continué à donner l’hospitalité à notre Comité.
C’est à partir de là qu’avec l’aide des Nations Unies nous avons fondé un Conseil des Religions (Council of Religions) qui a été reconnue comme une ONG. Je dois faire mémoire du représentant des Nations Unies qui a mis à notre disposition un bureau à Port Louis. Ce bureau continue d’être notre siège social depuis bientôt 25 ans.
Vous allez surement vous demander avec raison s’il n’est pas temps pour moi de parler de la fonction qui nous rassemble aujourd’hui autour de Mme Allia Syed Hossen-Gooljar. Le lancement de ce livre me donne l’occasion de rappeler que le Conseil des Religions a beaucoup évolué depuis sa fondation. Aujourd’hui nous sommes invités à organiser des prières interreligieuses dans beaucoup de bureaux, usines et autres organisations à l’occasion de la nouvelle année ou de certaines fêtes religieuses. Nous essayons aussi de développer tout un réseau de Comités interreligieux dans les différentes régions et je salue pour saluer le Comité de Vacoas Phoenix et celui de Flic en Flac qui ont de commencé à fonctionner. Nous avons aussi lancé un cours à l’Université de Maurice pour les étudiants qui désirent approfondir le dialogue interreligieux. C’est dans le cadre de cette recherche intellectuelle que se situe le livre que je vais vous demander de lancer Monsieur le Président.
Que disent les textes sacrés sur la possibilité et l’importance du dialogue interreligieux ?
Devant les conflits qui déchirent notre humanité, de plus en plus de pays reconnaissent l’importance du dialogue interreligieux. La semaine dernière le Pape François nous a donné l’exemple en allant donner visite au plus grand pays musulman du monde, l’Indonésie. Dans la grande mosquée de Jakarta, il a voulu encore une fois souligner l’importance pour les religions de se connaitre afin de mieux s’apprécier et de mieux collaborer ensemble. Dans notre petite Ile Maurice, nous sommes à la pointe de cet effort pour mobiliser les religions au service de la Paix Mondiale. Je remercie Mme Allia pour tout le travail effectué et e souhaite que ce livre puisse un jour être une sorte de manuel obligatoire pour tous nos étudiants de Senior et de HSC.
Que Dieu nous bénisse tous dans notre effort et dans engagement.
Père Philippe Goupille
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