Un résumé des catéchèses du Pape François adressées aux personnes âgées et aux plus jeunes

juillet 21, 2022

A l'occasion de la Journée Mondiale des Grands-parents et des personnes âgées, le Pape François propose une série de catéchèses adressées aux personnes âgées et aux plus jeunes. Le Service Diocésain de la Pastorale familiale vous propose un résumé de ces catéchèses, extrêmement riche.

Catéchèse 1 : La grâce du temps et l’alliance des âges de la vie

Les personnes âgées n’ont jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui dans l’histoire humaine et le risque qu’ils soient écartés est encore plus fréquent. Ce qui est en jeu est l’unité des âges de la vie.
La jeunesse est considérée comme unique âge digne d’incarner l’idéal humain. La jeunesse est très belle, mais la jeunesse éternelle est une hallucination très dangereuse.
L’alliance entre les générations qui restitue à l’humain tous les âges de la vie, est notre don perdu et nous devons le reprendre. A travers la prophétie de Joel : « Vos anciens auront des songes, vos jeunes gens, des visions »(3,1), le Pape Francois explique que quand les personnes âgées communiques leurs rêves, les jeunes voient bien ce qu’ils doivent faire. Le Pape invite les jeunes à interagir avec les personnes âgées et les personnes âgées avec les jeunes afin que les personnes âgées puissent donner leurs rêves et les jeunes puissent les recevoir et les accomplir.

Catéchèse 2 : La longévité : symbole et opportunité

La vieillesse impose des rythmes plus lents mais ce ne sont pas seulement des temps d’inertie. Ces rythmes sont une ressource indispensable pour saisir le sens d’une vie marqués par le temps. Dans le récit biblique des généalogies des ancêtres, on est marqué par leur énorme longévité, père et fils vivent ensemble pendant des siècles. La vie humaine nécessite un long temps d’initiation, ou le soutien mutuel entre les générations est indispensables, afin de décrypter les expériences et d’affronter les énigmes de la vie. Le dialogue est nécessaire entre générations, entre grands-parents et petits enfants qui sont les deux extrêmes : s’il n’y a pas de dialogue entre jeunes et vieux, entre adultes, chaque génération reste isolée et ne peut transmettre le message.
Passer du temps, du temps qui n’est pas rétribué, avec les enfants et avec les personnes âgées, nous donne une autre capacité de voir la vie.
L’arrogance du temps de l’horloge doit être convertie en la beauté des rythmes de la vie. C’est la reforme que nous devons faire dans nos coeurs, dans la famille et dans la société.

Catéchèse 3 : La vieillesse, une ressource pour une jeunesse insouciante.

Nous avons besoin de la sagesse des anciens pour lutter contre la corruption. Aujourd’hui on peut respirer la corruption comme on respire de l’oxygène car la corruption est devenue normale ! Le passage qui ouvre la voie est l’insouciance qui ne se soucie que de soi-même. Tant que la vie normale peut être remplie de « bien-être », nous ne voulons pas penser à ce qui la rend vide de justice et d’amour. « Mais je me sens bien ! Pourquoi dois-je penser aux problèmes, aux guerres, à la misère humaine, à toute cette pauvreté et tout ce mal ? »
Le pape Francois invite les personnes âgées à une parole de prophétie pour les plus jeunes…devenir un prophète de la corruption et dire aux autres : « Arrêtez, je suis passé par là et ça ne mène nulle part ! Tout comme Noé a était à son époque un prophète contre la corruption car il était le seul en qui Dieu avait confiance. Dans le récit biblique, lorsqu’il s’agit de sauver de la corruption et du déluge, la vie de la terre, Dieu confie la tache à la fidélité du plus ancien de tous, le « juste » Noé.
Voici l’appel du Pape aux « vieux » ; Vous avez la responsabilité de dénoncer la corruption humaine dans laquelle nous vivons. Le monde a besoin de jeunes gens forts, qui vont de l’avant et de vieux sages.

Catéchèse 4 : L’adieu et l’héritage : mémoire et témoignage

Les personnes âgées savent voir le sens profond des choses. Comme Moise quand il prononce sa confession de foi (Dt 32,3-4), il est au seuil de la terre promise et aussi à la fin de sa vie… 120ans et « sa vue n’avait pas baissé » Dt34,7. Moise avait la capacité de voir réellement, même de voir symboliquement, comme le font les personnes âgées. Une vieillesse à laquelle est accordée cette lucidité est un don précieux pour la génération future.
La transmission concrète du vieux au jeune manque beaucoup aujourd’hui. Le récit direct, de personne à personne, a des tonalités et modes de communication qu’aucun autre moyen ne peut substituer. Un vieil homme qui a vécu longtemps et qui obtient le don d’un témoignage lucide et passionné de son histoire est une bénédiction irremplaçable.
La transmission de la foi manque souvent de la passion d’une histoire vécu. Il s’agit de raconter l’expérience de la foi. Les récits de la vie doivent être transformés en témoignage, et le témoignage doit être loyal. La foi se transmet dans un dialecte familier et expérientiel des années, entre grands-parents et petits-enfants, entre
parents et enfants. Un récit capable de rappeler avec émotion les bénédictions de Dieu et avec loyauté nos manquements.

Catéchèse 5 : Fidélité à la visite de Dieu pour la génération future.
- Une vieillesse qui s’est préparée dans l’attente de la visite de Dieu ne manquera pas son passage. Tel Siméon et Anne dépeint par Saint Luc qui par une prémonition de L’Esprit Saint savaient qu’ils ne mourraient pas avant d’avoir vu le Messie. Tous deux reconnaissent la présence du Seigneur dans l’enfant Jésus qui comble de consolation leur longue attente et donne sérénité à leur fin de vie.
- L’attitude du Chrétien est d’être attentif aux visites du Seigneur, parce que le Seigneur passe dans notre vie, avec des inspirations, avec l’invitation à être meilleur. C’est l’Esprit Saint qui prépare nos sens pour comprendre quand le Seigneur nous rend visite, comme il l’a fait avec Siméon et Anne.
- Le Pape rappelle l’importance d’avoir une vieillesse dotée de sens spirituels vifs et capable de reconnaitre les signes de Dieu et prévient quant à l’anesthésie des sens spirituels dans une société qui cultive l’illusion de l’éternelle jeunesse et qui n’en a même pas conscience. Attention, ne perdons pas la sensibilité de l’âme, cette sensibilité humaine, revêtons l’Esprit de la fraternité humaine et développons cette culture de la tendresse sociale. Aujourd’hui nous en avons tant besoin, la sensibilité de l’esprit, la maturité de l’esprit, nous avons besoin de vieux sages, murs en esprit, qui nous donnent l’espérance pour la vie !
Catéchèse 6 : « honore ton père et ta mère » ; l’amour pour la vie vécue
- C’est le premier grand commandement qui indique une récompense : « Honore ton père et ta mère et tu auras une longue vie sur terre » Il s’agit de restituer l’amour reçu de nos parents, de nos grands-parents, d’honorer les personnes âgées et reconnaitre la dignité qu’elles ont, reconnaitre que je suis sur terre grâce à eux.
- Le pape fait un appel à la lutte pour restituer cette forme particulière d’amour qui est l’honneur. Il demande aux parents de faire le rapprochement entre les jeunes et les personnes âgées. Et quand la personne âgée est malade, a perdu un peu la tête, continuez à la visiter qu’elle sache que c’est notre chair et que c’est beau qu’elle ait fait en sorte que nous soyons là maintenant.

Catéchèse 7 : Noémie, l’alliance entre les générations qui ouvre l’avenir.

Si les jeunes s’ouvrent à la gratitude pour ce qu’ils ont reçu et que les personnes âgées prennent l’initiative de relancer leur avenir, rien ne pourra arrêter la floraison de bénédictions de Dieu entre les peuples. La parabole du livre de Ruth met en lumière la beauté des liens familiaux, générés par la relation de couple, mais qui vont au-delà.
Parce que la jeune Ruth s’est obstinée à être fidèle à sa belle-mère malgré le fait que la vieille femme, sans mari et sans plus d’enfants, insistait par amour pour ses belles filles, qu’elles l’abandonnent pour retourner dans leur famille, car elle ne pouvait rien faire pour eux, le lien qui s’est établit entre belle-mère et belle fille a été béni par Dieu. Noémie émue par le dévouement de Ruth, sortira de son pessimisme et prendra l’initiative ouvrant un nouvel avenir à Ruth. La belle-mère surmonte sa jalousie à l’égard de son propre fils, en aimant le nouveau lien de Ruth et elle connaitra dans sa vieillesse la joie d’avoir participé à la génération d’une nouvelle naissance.
Aujourd’hui la belle-mère est considérée comme une mauvaise figure… mais elle est la mère de ton mari, la mère de ta femme. Le pape s’adresse aux jeunes femmes : « Regardez bien la relation que vous avez avec vos belles mères, elles sont parfois spéciales mais elles t’ont donné la maternité de ton conjoint, elles t’ont tout donné ! » Il faut les rendre heureuse, pour qu’elles puissent vivre leur vieillesse avec bonheur. Et si elles ont des défauts, il faut les aider à les corriger.

Le Pape s’adresse aussi aux belles-mères : « Faites attention à votre langue, car la langue est l’un des péchés les plus laids des belles-mères… faites attention. »

Catéchèse 8 : Eléazar, la cohérence de la foi, héritage de l’honneur.

A l’image d’Eléazar, un autre personnage biblique qui avait refusé de déshonorer sa foi dans sa vieillesse, le pape invite les personnes âgées à prendre conscience que les jeunes les regardent « Ils nous regardent. Ils nous observent » et notre cohérence peut leur ouvrir un très beau chemin de vie. Au contraire, une éventuelle hypocrisie fera tant de mal.
Croire n’est pas quelque chose « pour les vieux » ! C’est une chose de la vie. La foi mérite respect et honneur jusqu’au bout : elle nous a changé la vie, nous a purifié l’esprit, nous a appris l’adoration de Dieu et l’amour du prochain. Soyons cohérent jusqu’au bout !

Catéchèse 9: Judith. Une jeunesse admirable, une vieillesse généreuse

Dans le livre de Judith, son héroïne, apparait comme une jeune fille qui avait gagné l’estime de sa communauté par son courage et qui dans sa vieillesse a mérité leurs affections pour la tendresse avec laquelle elle a enrichi leur liberté. Judith est une retraitée qui remplit de dons le temps que Dieu lui offre. A travers ce personnage, le pape appel les grands-mères à être courageuses, sages, et qu’elles nous laissent en héritage non pas de l’argent mais l’héritage de la sagesse, semée dans leurs petits-enfants.
Le Seigneur ne confie pas ses talents aux jeunes et aux forts : il a des talents pour tous, faits sur mesure pour chacun, également pour les vieux. Enseigner, conseiller, construire, soigner, écouter… Mettre ces talents de préférence au profit des plus démunis, qui n’ont pas les moyens d’apprendre ou qui sont abandonnés à leur solitude.

Catéchèse 10 : Job. L’épreuve de la foi, la bénédiction de l’attente.

Le tournant de la conversion de la foi se produit au summum de la colère de Job, quand il dit : « Je sais, moi, que mon rédempteur est vivant… » Job qui dans l’épreuve et malgré sa colère a refusé d’accepter que Dieu soit un persécuteur ».
Dieu n’est pas effrayé par nos prières de protestations, il est père, il t’entend et te comprend ! Sois libre dans ta prière, n’emprisonne pas ta prière dans des schémas préconstruits.
Dans la vie certaines personnes sont accablées par des épreuves trop lourdes et cela apparait comme excessif et injuste. Nous avons tous connu de telles personnes. Nous avons été impressionnés par leur cri mais aussi souvent émerveillés par la constance de leur foi et de leur amour dans leur silence… Ex parents d’enfants gravement handicapés, à ceux qui vivent une infirmité permanente…
Pour le Pape les personnes âgées qui trouvent la voie de ce témoignage qui convertit le ressentiment de la perte en ténacité pour l’attente de la promesse de Dieu, sont pour la communauté un rempart insubstituable face à l’excès du mal.

Catéchèse 11 : Qohèleth : la nuit incertaine du sens et des choses de la vie

Le désenchantement survient dans la vieillesse. Mais si les personnes âgées gardent intacte leur passion pour la justice, alors il y a de l’espérance pour l’amour, et aussi pour la foi. Ne tombons pas dans l’acédie… dans la capitulation
devant la connaissance du monde sans passion pour la justice ni engagement conséquent.
- La science progresse mais la sagesse de la vie est en perte de vitesse. La vieillesse peut apprendre de la sagesse ironique de Qohèleth, l’art de mettre en lumière la tromperie cachée dans le délire d’une vérité de l’esprit dénuée d’affection pour la justice.
- Les personnes âgées font tellement de bien aux jeunes ! Ils les préservent de la tentation d’un triste savoir mondain dépourvu de la sagesse de la vie. Ils reconduiront les jeunes à la promesse de Jésus « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5,6) et sèmeront la faim et la soif de justice chez les jeunes.
Catéchèse 12 : « Ne m’abandonne pas alors que décline ma vigueur » (Ps71 (70),9)
- Le vieillard du psaume voit sa vieillesse comme une défaite, et redécouvre la confiance dans le Seigneur. Il ressent le besoin d’être aidé et il se tourne vers Dieu. Il confie à Dieu son découragement.
- Nous entendons parler de personnes âgées dépossédées de leur autonomie, de leur sécurité, de leur domicile… et les conséquences sont fatales. La vieillesse perd sa dignité et on doute même parfois qu’elle vaille la peine d’être vécue. Ainsi les personnes âgées sont tentes de cacher leurs vulnérabilités, de dissimuler leurs maladies, leurs âges, et leur vieillesse. Le pape nous interroge : Demandons-nous est-ce humain d’induire ce sentiment ? Comment se fait-il qu’une civilisation moderne, si avancée et efficace, soit mal à l’aise avec la maladie et la vieillesse ?
- En effet la honte devrait tomber sur ceux qui profitent de la faiblesse de la maladie et de la vieillesse. La prière renouvelle dans le coeur de la personne âgée la promesse de la fidélité et de la bénédiction de Dieu. La personne âgée redécouvre la prière et témoigne de sa puissance.
Les personnes âgées en raison de leur faiblesse, peuvent enseigner à ceux qui sont à d’autres âges de la vie que tous nous avons besoin de nous abandonner au Seigneur, d’invoquer son aide. Apprenons de la vieillesse qu’il y a un don dans le fait d’être vieux, compris comme l’abandon de soi aux soins des autres, à commencer par Dieu lui-même. Que la confiance des personnes âgées dans le Seigneur nous contamine, tous !