Chers frères et sœurs de Maurice, de Rodrigues, des Chagos et d’Agaléga,
Je vous souhaite de tout cœur la joie simple mais profonde que Dieu dépose dans notre cœur à Noël.
A Noël, nous célébrons une démarche extraordinaire accomplie par Dieu envers nous il y a 2000 ans. Lui, qui a créé tout l’univers, Lui qui nous donne la vie, il a décidé de descendre sur terre pour nous rencontrer. En Jésus, il s’est fait humain pour se faire proche de nous et partager notre vie, avec ses joies, ses tracas, ses espoirs.
Quand Jésus naît à Bethléem, Dieu jette un pont entre le ciel et la terre pour venir nous rejoindre et aussi pour que nous puissions l’accueillir dans notre vie.
Quand Dieu traverse ce pont et vient vers nous en la personne de Jésus, il désire plus que tout apporter la paix sur la terre. Quand nous empruntons des chemins dangereux où nous nous sentons perdus, Dieu, comme un bon berger, va à notre recherche dans nos déserts. Lorsqu’il nous trouve, il nous prend sur ses épaules et nous ramène au bercail.
Quand nous sommes tombés, blessés, sur le bord du chemin, dans l’indifférence générale, Dieu s’arrête, il nous relève et nous guide vers des bons Samaritains.
Quand notre fardeau est trop lourd, il nous propose de le porter avec nous. Il marche à nos côtés pour nous donner courage.
Le temps de Noël est un temps pour méditer sur la manière dont Dieu se fait proche de nous, un temps pour nous laisser toucher par la chaleur de son amitié et le soutien qu’il nous apporte dans nos combats. Sa manière de se faire proche de nous, nous entraîne à devenir, nous aussi, des bâtisseurs de ponts.
Prenons l’exemple de Jésus : il n’a pas attendu que nous soyons exemplaires pour qu’il vienne parmi nous. Malgré notre vie imparfaite et nos péchés, il a fait le premier pas et il est venu parmi nous. Il nous a écoutés, a engagé le dialogue avec nous et nous invite à nous réconcilier avec lui.
Dans la famille, les parents doivent faire le premier pas pour se faire proches de leurs enfants, bien que ce ne soit pas aussi simple. Bâtir un pont c’est bâtir une bonne relation avec votre enfant, l’écouter, comprendre ses centres d’intérêt. Alors, la confiance se développera et une atmosphère plus détendue permettra un vrai dialogue et une relation plus dynamique avec votre enfant.
En classe, un professeur ne doit pas s’occuper uniquement des élèves qui travaillent bien. Il doit bâtir un pont pour atteindre ceux en difficulté scolaire. S’il ne prend pas le temps de les écouter, de connaître leur réalité, de comprendre leur situation, il ne pourra jamais leur apprendre quoi que ce soit. L’élève ne peut apprendre que dans un climat de confiance et d’amitié. Comme on le dit en anglais : « If you want to teach Johnny, start by getting to know Johnny”.
Dans une entreprise, sur un chantier, dans un atelier, le patron doit aussi créer des ponts pour aller à la rencontre de ses employés, les écouter et comprendre leur situation. C’est toujours celui qui a l’autorité qui doit aller vers ceux qui travaillent sous sa responsabilité. Un pont est une passerelle de rencontre, de respect, de dialogue franc. C’est cela qui met de l’huile dans les rouages et permet à l’entreprise de progresser.
Dans l’Eglise aussi, nous avons besoin de construire des ponts : entre l’évêque, les prêtres, les fidèles, les religieux (ses) et les laïcs, entre les adultes et les jeunes, entre ceux qui fréquentent l’Eglise et ceux qui sont aux périphéries. Ce n’est pas parce que certains sont éloignés de l’Eglise qu’ils n’ont rien à nous dire. Bien au contraire, ils sont capables de réflexion, ils ont des attentes. J’ai une pensée spéciale pour mes frères et sœurs toxicomanes et leurs parents. Ces personnes prises dans l’engrenage de la drogue ne sont pas des criminels ; il faut les considérer comme des personnes malades. Leurs parents vivent un véritable calvaire. Nous devons établir des ponts vers eux pour les écouter et leur donner courage.
Tout comme Dieu qui n’a pas attendu que nous soyons proches de lui pour se faire proche de nous, nous aussi, n’attendons pas que ceux qui sont loin reviennent vers nous. Faisons un premier pas, construisons un pont pour les rejoindre ! Nous serons alors des artisans de paix.
Notre pays, notre société a aussi grandement besoin de bâtir des ponts. Nous avons construit de beaux ponts au-dessus des ronds-points, au-dessus des ravines, comme actuellement à Beau-Bassin, ou au-dessus des cascades à Réduit. Ces ponts sont très utiles car ils facilitent la circulation, ce qui cause moins de stress et de perte de temps.
Mais pourquoi ne pas prendre la même peine, les mêmes moyens pour construire des ponts entre différents groupes au sein de notre société ? Par exemple, un pont au-dessus du gouffre qui s’est malheureusement creusé entre l’Opposition et le Gouvernement. Ou des ponts au-dessus des lenteurs et des complications administratives qui bloquent l’accès des petits et des pauvres à certains services de l’Etat auxquels pourtant ils ont droit ; des ponts au-dessus de l’abîme du manque de confiance qui se creuse dangereusement entre la police et le peuple ; des ponts entre ceux qui militent pour la protection de l’environnement et le respect des normes établies et ceux qui veulent à tout prix faire approuver des projets qui mettent en danger certaines zones sensibles ; des ponts enfin entre les autorités de l’Etat et le peuple mauricien, la société civile dans son ensemble et pas seulement avec leurs partisans – des ponts de dialogue franc et respectueux qui créent du lien, des ponts qui font se rencontrer des personnes de différents bords, de différents partis, de différentes compétences pour chercher ensemble l’intérêt de la nation et non pas seulement l’intérêt d’un groupe ou d’un parti politique ; des ponts qui permettent de chercher ensemble le bien commun du pays, et construire ensemble la paix.
Conclusion
Construire ces ponts humains dans la famille, dans le travail, à l’école, dans la société, dans le pays, n’est pas un luxe. C’est notre priorité. Ce sont ces ponts humains qui peuvent nous faire dépasser l’angoisse de l’avenir et nous permettre de traverser ensemble ces moments difficiles en nous soutenant mutuellement.
En ce jour de Noël, je prie pour mon pays et pour vous, mes compatriotes. Je demande à Dieu d’éclairer notre conscience et de nous apprendre à construire ces ponts si nécessaires à notre vivre ensemble.
+ Cardinal Maurice E. Piat
Evêque de Port-Louis
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