Après 36 ans passées en terre mauricienne, le père Bernard Hym regagne la France, son pays d’origine le 18 juin prochain. Ce prêtre spiritain (qui appartient à la même congrégation religieuse que le père Laval), arrivé à Maurice en 1988 a exprimé au Supérieur de sa congrégation le désir de rentrer en France pour des raisons de santé. Le père Hym se livre dans une petite interview.
Apres trente-six années de service dans le Diocèse de Port-Louis, vous retournez dans votre pays. Vous avez tissé des liens très forts avec les Mauriciens de toutes cultures et de toutes religions et comment vivez-vous cette séparation ?
Honnêtement, c’est un Français qui est venu travailler à l’île Maurice et c’est aussi un Français qui retourne dans son pays. Ce qui est difficile, c’est effectivement de quitter des personnes, surtout celles avec qui j’ai collaboré, qui ont eu à cœur de servir leur pays et leur Eglise à travers des valeurs que nous avons en commun. Je n’ai pas le sentiment de quitter une fonction ou un pays, mais bien des gens que j’aime et qui comptent pour moi.
*Vous êtes connu des Mauriciens comme le spécialiste du « dossier Père Laval » et vous avez travaillé sans relâche durant votre mission ici pour la canonisation de l’Apôtre de l’Ile ; n’êtes-vous pas déçu qu’il ne soit pas encore devenu Saint malgré le volumineux dossier que vous avez envoyé à Rome ?
Effectivement je suis en présence de 900 pages et plus de témoignages de reconnaissance que j’ai rassemblées et plus d’un tiers m’ont été adressés dans ces dix dernières années. Mais ce sont des documents qui accompagneront enfin, j’espère, un dossier de guérison inexplicable que le Vatican pourra recevoir comme possible miracle.
Chaque année, à l’approche du mois de septembre, les journaux, les radions et la télévision reposent la question sur la possibilité de faire canoniser le Père Laval ; la réponse, hélas, reste la même : il est nécessaire et suffisant, qu’un miracle soit reconnu.
On dirait que certains arrivent plus vite, passant par-dessus la tête du Père Laval. La jalousie est stérile : ce qui fait problème, c’est que les Mauriciens ont peur de déranger et de venir rendre témoignage des merveilles accomplies par le Seigneur à la prière du Père Laval. Or, sans reconnaissance de dossier de guérison attribuables à l’intercession du Père Laval, il ne peut pas y avoir de canonisation.
* Est-ce que vous allez continuer à être le vice-postulateur pour cette demande de canonisation même en étant loin de l’Ile Maurice ?
En ce qui me concerne, j’ai été nommé vice-postulateur pour le Père Laval en 2017 par le Supérieur général des Spiritains et je le reste jusqu’à ce qu’il en nomme un autre.
Pour l’heure, tout prêtre peut accueillir un témoin et me transmettre la description détaillée des faits et les coordonnées des personnes pour complément d’information. Quant à la préparation d’un dossier complet et cohérent, je serai mieux placé à Paris auprès d’un confrère qui a travaillé pour la cause du Père Brottier que seul, ici à l’île Maurice.
Il reste aux gens à témoigner et à ceux qui les accueillent de me transmettre leur témoignage, sinon, le Père Laval restera toujours bienheureux. Comme disait le Père Laval lui-même : « Le Seigneur a fait son ouvrage, à nous de faire le nôtre ! »
*Outre le dossier Père Laval, vous avez eu d’autres missions passionnantes et vous avez été aussi confronté à beaucoup de défis ; y aurait-il un événement ou une situation particulière qui est le plus marquant de tous les souvenirs que vous emportez ?
Je me suis passionné à faire la formation des adultes, en particulier ceux qui sont actifs dans la liturgie. C’est sûr que c’est plus passionnant encore lorsque l’on est en présence d’équipes qui, après s’être laissées former, ont cherché à mettre en pratique ce qu’elles ont appris.
Cela me fait toujours sourire de voir les mots de « spécialiste du Père Laval » associés à mon nom car je suis arrivé à Sainte-Croix en étant assez peu motivé. Mais j’ai débarqué à Maurice cinq jours avant le pèlerinage de septembre 1988 et c’est la ferveur des Mauriciens, toutes communautés confondues, qui m’a séduit. Puis, en 1994, j’ai commencé mes recherches à Londres et à Paris et je n’ai pas cessé depuis de trouver et de partager, accompagné et stimulé par Mgr Nagapen, Père Joseph Michelet le Dr Lindsay Edouard. De retour en France, je continuerai à chercher et à partager avec les Mauriciens. A moins de 100 mètres de là où je vais habiter se trouvent les Archives Générales Spiritaines, une mine inépuisable de ressources sur le Père Laval.
Mon meilleur souvenir n’est pas la rencontre avec le Père Laval lui-même, mais avec l’amour inconditionnel que lui portent les Mauriciens.
*Dans quelques jours vous allez célébrer vos 52 ans de vie sacerdotale ; qu’est-ce qui vous rend heureux dans ce choix de vie et qu’est-ce qui vous motive pour continuer la route ?
Jeune séminariste, (15 ans), j’étais en présence de professeurs, missionnaires souvent cassés par la maladie. Malgré cela, ils rayonnaient d’une joie qu’ils m’ont donné envie de partager avec eux. J’espère que moi aussi, j’ai été et je suis rayonnant, En tout cas, c’est beaucoup de bonheur dans mon sacerdoce, et j’espère en avoir rayonné. Et, aujourd’hui encore, je crois que c’est d’abord cela que j’ai à vivre et partager dans mes vieux jours.
*Le Pape François appelle l’Eglise à se renouveler et à se réorienter ; pensez-vous que l’Eglise est déconnectée des nouvelles réalités du monde ; avez-vous un souhait pour le Diocèse de Port Louis et pour les Catholiques à Maurice s’agissant de cette demande du Pape ?
Père Laval disait : « le charbonnier est maître dans sa chaumière ». Non, je ne me permettrai pas de donner des conseils à ceux qui ont la responsabilité de ce diocèse, et d’ailleurs quelle compétence ai-je pour cela ?
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