Ci-dessous, l’homélie du père Jean Maurice Labour, prononcée le dimanche 4 septembre à la Cathédrale Saint-Louis, lors de la messe d’ouverture du Congrès de l’Association Panafricaine des Exégètes catholique à Maurice.
Le pape François n’est pas le premier pape à s'élever avec autant de force contre la dégradation de la planète et l’exploitation éhontée des ressources naturelles.Dès le concile Vatican II, la conscience écologique de l'Église s’est affirmée et tous les papes se sont largement exprimés sur le sujet. Mais l’Encyclique LAUDATO SI est la première à aborder le sujet de façon aussi approfondie, faisant du souci écologique bien plus qu’une simple inquiétude de surface : une véritable angoisse pour les générations à venir, un appel vibrant à la conversion. L’écologisme intégral dont parle François se déploie dans toutes les directions : économique, politique, religieuse.
Le combat écologique est donc une question de vie ou de mort pour l’humanité, à échéance d’une centaine d’années disent les plus pessimistes. Travailler à la conversion écologique est donc un enjeu majeur. Or ce combat écologique est très difficile à mettre en œuvre. Tous les engagés de la défense de l’environnement vous le diront.
D’abord parce que ce combat ne rapporte rien d’immédiat pour le DIEU ARGENT. Les profits escomptés des investissements sont à très longs termes et invisibles pour ceux qui videraient leurs comptes en banque.
Deuxièmement il touche tellement à tous les aspects de la vie humaine qu’il faut vraiment une mobilisation totale (écologie intégrale).
Une autre raison tout aussi importante c’est que ce combat exige une conversion radicale et c’est ici l’apport original de Laudato Si : il ne s’agit pas seulement de moyens technologiques à mettre en place ; les techniques de protection de la nature et de l’utilisation des énergies renouvelables, nous les connaissons fort bien. Elles sont nécessaires mais ne suffisent pas. Comme le dit Yan Arthus Bertrand, ce grand photographe qui a fait le film HOME, « : le problème c’est que nous n’arrivons pas à croire ce que nous savons ». Mettre en pratique les actions que nous savons devoir faire nous demande trop de changements dans nos mauvaises habitudes de surconsommation qui sont hélas le socle de notre système ultra-libéral.
Premier enjeu: - la motivation pour une véritable conversion écologique intégrale.
Effectivement, il manque une motivation dynamisante qui peut venir de la spiritualité et de la théologie biblique. Pour protéger l’environnement par des actions significatives tant au plan individuel que collectif, il faut de manière urgente travailler à une conversion des mentalités et des cœurs, et de l’intelligence ; pour être vraiment durable, une telle conversion nécessite une réflexion sur les présupposés, en particulier spirituels, de la démarche. Car il s’agit bien de « conversion », au sens d’un changement du cœur et d’une transformation du regard.
Nous, chrétiens, nous ne sommes pas les seuls à mettre en œuvre une démarche écologique. Dans notre pays, des initiatives arrivent de toutes les appartenances religieuses ou non. Nous chrétiens n’avons pas toujours été le premiers dans ce domaine, au point que certains soupçonnent que le christianisme serait, moins que d’autres traditions religieuses, porteur d’un souci pour le monde environnant.
Cependant, l’Encyclique du pape François, du fait de l’écho important qu’elle rencontre encore aujourdhui, n’est-elle pas le signe que la vie spirituelle chrétienne peut être un terreau favorable à une conversion de cette ampleur ? De grâce, vous les experts en lecture de la Bible, vous les experts de cette Parole qui pénètre jusqu’à la moelle des os si vous pouvez aidez-nous, aidez le monde à traduire les menaces à l’environnement en décisions fermes de conversion, tant au niveau individuel, réveillez en nous des prophètes : - Jérémie reviens !! le monde est devenu fou !!!! sa destruction de la nature le conduit droit dans le mur !!!
Frères et sœurs, le combat écologique avec les conversions courageuses qu’il demande est un combat de passionnés. !!
Biblistes, Faites-nous la preuve que le Pape Paul VI avait raison quand il disait en 1971 :-
Le message biblique et le Magistère ecclésial constituent les points de référence essentiels pour évaluer les problèmes qui se posent dans les rapports entre l'homme et l'environnement.( 969Cf. Paul VI, Lettre apost. Octogesima adveniens, 21: AAS 63 (1971) 416-417).
Deuxième enjeu : revisiter notre anthropologie biblique.
L’Eglise n’a pas de leçons à donner, ici comme ailleurs. Nous avons nous-mêmes à nous convertir. La tradition judéo-chrétienne est accusée d’avoir été à l’origine (sinon d’avoir cautionné) du problème écologique dont la révolution industrielle née en occident chrétien aurait été l’étape la plus importante. Les récits de création cautionneraient la « domination de l’homme sur la nature et favoriserait l’exploitation sauvage de la nature en présentant une image de l’être humain comme dominateur et destructeur » (N°67 in L.S..) et lui donnerait le droit de l’exploiter à son service et selon son bon vouloir.
Nous aurions donc cautionné, justifié un anthropocentrisme destructeur de la nature. Le chrétien inspiré par les récits de la création plaçant l’homme au centre de la création est accusé d’anthropocentrisme. Vos recherches bibliques pourront-elles lever cette accusation à l’instar de ce que le pape François a fait dans Laudato Si ?
Non dit le pape, c’est un anthropocentrisme dévié par lequel l’homme se substituant à Dieu, est conduit à une schizophrénie permanente qui va de l’exaltation technocratique qui ne reconnaît pas aux autres êtres une valeur propre, qui va jusqu’à nier toute valeur particulière à l’être humain (LS 118).
Le pape nous invite à éviter deux extrêmes : Ni anthropocentrisme, ni bio-centrisme. Dit-il : « un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un bio-centrisme parce que cela impliquerait d’introduire un nouveau déséquilibre qui non seulement ne résoudrait pas les problèmes mais en ajouterait d’autres ; on ne peut pas exiger de l’être humain un engagement respectueux envers le monde si on ne reconnaît pas et ne valorise pas en même temps ses capacités particulières de connaissance, de volonté, de liberté et de responsabilité ; (118).
C’est ici que se situe à mon avis le cœur de la conversion écologique demandé par le pape François ; une conversion dans un rapport équilibré de la manière dont l’humanité se situe en face de la nature contre ces deux tentations. Il n’est pas inutile d’approfondir les références bibliques de ces deux tentations pour les exorciser.
Troisième enjeu : last but not least : faire descendre dans la rue des messages bibliques qui motivent.
Le défi qui se pose à vous, intellectuels, c’est de communiquer cette conversion à base biblique sur le terrain. Comment faire pour que vos doctes recherches descendent jusqu’au citoyen lambda et ne s’enferment pas dans un langage réservé aux élites ? La lectio divina est un moyen de plus en plus utilisé en pastorale pour nourrir la foi et mobiliser les chrétiens.
Les textes de ce dimanche tombent à pic : il s’agit de développer une sagesse qui tout en mettant l’homme à sa juste place dans sa solidarité avec la poussière, le rend responsable de développer une sagesse qui protège la nature et développe l’humanité dans la justice, la paix et la fraternité.
Pour aider l’Eglise à militer pour une véritable conversion écologique, comme nous le demande le pape François, nous avons besoin de revisiter les références bibliques et théologique sur la Création pour avoir les clés pour vivre pleinement, intérieurement et spirituellement l’écologie intégrale.
Merci : Gloire à Dieu et Pieds sur la terre !!!!!
Chant de méditation par un compositeur local : pour continuer notre méditation, écoutons ce chant d’un compositeur local :
TOI ZOM KI TO FINN FER AVEC LA TERRE …..AVEC LAMER
Père Jean Maurice Labour.
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