Les récentes violences qui ont éclaté dans diverses régions sont venues révéler une tension latente dans le pays. Dans la rue, sur les réseaux sociaux, le peuple a déversé sa souffrance attisée par la perte de son pouvoir d’achat. A coups de pierres, de projectiles, de pneus et de matelas en feu, la rue a hurlé sa rage.
La priorité aujourd’hui est de s’occuper de ceux qui n’en peuvent plus, leur tendre la main, leur proposer un chemin d’espérance. Je voudrais exposer ici un projet porté par la Commission Justice et Paix (CJP)du diocèse de Port-Louis pour venir en aide aux plus pauvres affectés par la crise de la Covid-19 mais qui, pour des raisons inconnues, n’a pas été soutenu par les autorités concernées.
Depuis trois ans, sous l’inspiration de l’Encyclique du Pape François sur l’écologie, la CJP a lancé un projet d’éducation aux bonnes pratiques écologiques. La pandémie nous a obligés en effet à vivre des formes d’autosuffisance alimentaire. Beaucoup de familles sont retournées à la terre en faisant des petits potagers dans leur arrière-cour. Beaucoup ont perdu leur emploi avec la fermeture des entreprises ou leur réduction d’activité ; la crise du logement des « sanlakaz » dits squatters est venue interpeller l’Eglise sur l’utilisation de ses terres. Un cocktail qui est à l’origine du projet de jardins communautaires. Les paroisses n’ont pas de terrains pour des projets de logement mais de petits et moyens lopins de terre qui peuvent servir à mettre en place des jardins communautaires.
Nous avions pour objectif de rassembler dans un seul projet trois enjeux cruciaux que la crise de Covid 19 est venue mettre en évidence :
C’est dans cette optique que le diocèse a proposé à toutes les paroisses de consacrer leurs terrains disponibles à la plantation des légumes et des fruits locaux. Il s’agissait aussi pour les paroisses de donner une forme concrète à la solidarité envers les plus pauvres. Nous rêvons de ventes de légumes bio après les messes avec la joie communautaire que cela apporte !
Depuis, les mains des prêtres ne bénissent pas seulement : elles se mettent déjà à la terre dans bien des paroisses. Aujourd’hui nous en sommes à 17 terrains dans 12 paroisses avec l’espoir de donner du travail à des pères ou mères de familles.
C’est ainsi qu’à Tranquebar, un terrain de la paroisse a été identifié pour venir en aide à une dizaine de femmes dans le besoin. Le Cardinal Piat et moi-même avons rencontré le ministre de l’Environnement Kavi Ramano en 2020 pour exposer le projet et plaider la cause des personnes à qui cela pourrait venir en aide. Ce dernier nous a assuré de son soutien et suivant son conseil, la CJP a soumis en mai 2020 un dossier au Covid-19 Solidarity Fund pour le jardin communautaire de Tranquebar. En effet, sous l’égide d’une ONG « Action For Environment Protection » (AEP), enregistrée au National Social Inclusion Foundation (NSIF), la Commission Justice et Paix est en mesure de soumettre des projets aux fins de financements.
Au bout d’an, nous avons reçu une réponse nous disant qu’un officier de la FAREI - organisme sous le ministère de l’agriculture – viendrait effectuer une site visit. Ce qui a été fait à Tranquebar, à la satisfaction de l’officier par rapport au site et au projet. Malheureusement, nous n’avons jamais reçu de retour du NSIF. Au bout de plusieurs mois, il a fallu que je contacte M. Raj Makoond, chairman du Covid-19 Solidarity Fund, pour finalement recevoir un mail disant que le projet n’a pas été approuvé, sans aucune explication. Mes demandes d’explications sont restées jusqu’à aujourd’hui, sans réponse. Nous nous serions attendus à ce que le Covid-19 Solidarity Fund nous accompagne pour modifier notre projet pour mieux correspondre à leurs critères. Rappelons que le Covid-19 Solidarity Fund a été créé pour venir en aide à ceux qui ont perdu leur emploi pendant cette crise.
Nous comprenons que les autorités aient des priorités mais voici un projet concret qui ne demande qu’un coup de pouce supplémentaire pour fleurir. N’est-ce pas là une belle opportunité pour venir en aide aux plus pauvres ? Nous invitons les autorités à faire ce chemin avec nous pour apporter concrètement des solutions aux détresses des familles qui se sont exprimées. Le Covid-19 Solidarity Fund est annoncé comme une ouverture à de tels projets. Que les actes suivent les annonces. Cultivons ensemble ces jardins d’espérance.
Père Jean Maurice Labour
Président de la Commission Justice et Paix
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