Ci-dessous l’intervention du père Jean Maurice Labour, vicaire général, au forum « STOP Torture » organisé par l’ICJM le 11 juin dernier
L’Eglise Catholique a un enseignement social communément appelé : La Doctrine Sociale de l’Eglise dont les Commissions Justice et Paix dans les 3000 diocèses du monde ont la mission de faire connaître et d’appliquer autant que possible selon les spécificités de chaque pays.
Voici ce que dit cette doctrine concernant l’imposition des peines :-
« L’activité des structures chargées d’établir la responsabilité pénale, qui est toujours à caractère personnel, doit tendre à la recherche rigoureuse de la vérité et doit être menée dans le plein respect de la dignité et des droits de la personne humaine, il s’agit de garantir les droits du coupable comme de l’innocent. Il faut toujours avoir présent à l’esprit le principe juridique général selon lequel on ne peut pas infliger une peine avant d’avoir prouvé de délit. Dans le déroulement des enquêtes il faut scrupuleusement observer la règle qui interdit la pratique de la torture, même dans les cas les plus graves. (N°404 du Compendium de la Doctrine Sociale de L’Eglise). Les disciples du Christ rejette tout recours à de tels moyens que rien ne saurait justifier et où la dignité de l’homme est avilie chez celui qui est frappé comme d’ailleurs chez son bourreau. Les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme indiquent à juste titre l’interdiction de la torture comme un principe auquel on ne peut déroger en aucune circonstance ».
Je voudrais cependant identifier une violence qui est d’autant plus perverse qu’elle se cache derrière une rhétorique bon chic bon genre et des institutions dites démocratiques dont nous nous gargarisons dans les forums internationaux et sur les caisses de savons en période électorale. Or ces institutions démocratiques soit ne fonctionnent pas, soit fonctionnent sans l’indépendance de leur terms of reference et le professionnalisme auquel on devrait s’attendre au vu des diplômes de leurs occupants et leurs généreuses rémunérations puisées des fonds publiques. Des policiers m’ont raconté comment pour en finir avec une enquête et démontrer leur efficacité, ils préfèrent désigner un coupable sans exiger d’enquête approfondie. Il arrive même que les ordres viennent de plus haut pour éviter d’être épinglé par l’opinion publique.
Entre 2011 et 2015, 288 complaintes de brutalité policières ont été rapportées. Seules 9 sont tombées sur le bureau du DPP. Que fait la National Human Rights Commission qui, d’après le « Police Complaints Act 2012 » a de devoir de traiter ces complaintes ?
Je voudrais terminer en donnant mon analyse de l’utilisation politique de ces événements. D’abord pour faire remarquer qu’il y a utilisation politique aussi bien de la part des opposants au régime actuel que du régime lui-même. Oui, chacun de son côté fait de la politique ; ceux-ci pour nier les réalités dénoncées, ceux-là pour les utiliser dans un but de pouvoir. Je trouve que les Avengers font du bon boulot s’ils restent dans leur approche d’hommes de loi ; en faisant une affaire politique ils affaiblissent leur crédibilité juridique. Je trouve aussi que le pouvoir en place en analysant les dénonciations uniquement sous l’angle de l’utilisation politique, s’interdit de voir la réalité en face ; il s’aveugle lui-même. On entre alors dans un rapport de forces politicien et on oublie les faits. Les faits sont les faits indépendamment de l’utilisation que les uns et les autres en font. Est-ce vrai ou non qu’il y a eu tortures répétées de la police qui sont si répétitifs qu’elles s’apparentent à une culture ? Si oui, cherchons les causes et agissons pour assainir notre vivre ensemble.
Pour s’en sortir il convient de prendre de la hauteur et s’attaquer au problème au lieu d’utiliser le problème pour se positionner.
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